mardi 28 juin 2011

MAMA ZOULOU (Poupée sans boîte, 35 cm, 2010)

MAMA  ZOULOU

Mama Zoulou
Loin de l’enfance
Dessus des clous
Tu entres en transe
Face aux marlous
Et chantes et danses
Toute en outrances
Dessous ton loup
Avec constance
Ploient plient pilou
Dentelle et ganse
Quelle éloquence

Mama Zoulou
Dans l’assistance
Chacun te loue
Pour ton aisance
Seuls les jaloux
Rient sans nuance
Quand tu t’élances
Joues les filous
Mets des distances
Et puis les floues
Tu te balances
Tout' d’élégance

Mama Zoulou
Tout en cadence
Et clichés flous
Tu es par chance
Pour des loulous
Venus cœurs rances
Pendre leur panse
« Lili » ou « Lou »
L’Afrique immense
Toute en caillou
En permanences
Et en souffrance

dimanche 26 juin 2011

BOIS EMBRUMÉS (Acrylique sur bois, 65x54 cm, 2006)


BOIS  EMBRUMÉS
Cycle pyrénéen

Balade au bois brumeux au matin qui s’esquisse
Pour une courte errance où s’enfuient les regrets
Sous le linceul vaporeux du ciel je me glisse
Et redécouvre cette respiration froide
Des frondaisons que le printemps n’a pas gréées
Ces mâts de misère aux lambeaux de toile en rade

Confins confus et formes fondues semblent attendre
La lueur sans chaleur d’un soleil dégrisé
Pour gonfler ces voiles qu’aucun vent ne veut tendre
Des chênes brisés ont couché leur tête hautaine
Épaves échouées ou autels improvisés
Espérant quelque amour céleste ou même humaine

Ramée tamisée cathédrale de lumière
Plus de cent colonnes se sont là érigées
Dressées ou martyrisées mais encore altières
Jusqu’à ces cieux qui là en embrassent les cimes
Voûte-vitrail vibrante d’un bleu si léger
Où parfois bruit le buis de hautbois rarissimes

Et dans ce chœur étal à la pâleur létale
Sous les amples arcs de cette ébauche de bois
Juste troublée par mon pas dont l’écho s’étale
L’âme en paix, l’esprit vide, loin des rues qui grouillent
J’erre d’halliers amis en buissons aux abois
Futaie inanimée aux tons humides et rouille

Le flou enlace et noie ces fûts jusqu’aux confins
À l’heure où lointains les sons assourdis s’éloignent
Où le touffu enfin se fait diffus sans fin
Tantôt mer de duvet tantôt liane liée
Dessinant dans mon esprit battant la campagne
Des nefs magnifiées venues de temps oubliés

AU BON VIEUX TEMPS DES BAINS DE MER (Pastel à l'huile, 21x15 cm, 2005)


AU  BON  VIEUX  TEMPS
DES  BAINS  DE  MER

Au bon vieux temps des bains de mer,
Il y avait des heures saoules
Pour rendre mon sourire amer.

C’était plus calme, Saint-Omer,
Moins bigarré et moins maboule,
Au bon vieux temps des bains de mer ;

Sur l’onde voguaient des steamers ;
Qui aurait hurlé dans la houle
Pour rendre mon sourire amer ?

 Juste entre gentlemen-farmers
On jouait au cerceau, à la boule,
Au bon vieux temps des bains de mer ;

Et pas de rouge ou d’outre-mer
 Ni de nudités qui déboulent,
Pour rendre mon sourire amer.

C’était plus sain le bord de mer,
Quand il n’y avait pas la foule 
Pour rendre mon sourire amer,
Au bon vieux temps des bains de mer !

vendredi 24 juin 2011

DES PORTES DE LA CATHÉDRALE AUX JARDINS DE L'HÔTEL DE VILLE (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)

DES  PORTES  DE  LA  CATHÉDRALE 
 AUX  JARDINS  DE  L’HÔTEL  DE  VILLE

Dans ce domaine quadrillé
De verticales babéliennes
Et d’horizons en pointillés,
Dans cet ordre froid, rectiligne,
Qui nous contrôle et nous aliène,
Nul ne peut s’affranchir des lignes.

mercredi 22 juin 2011

LES MOTS DE TROP (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2007)

LES  MOTS  DE  TROP

La colère monte, la tempête s’approche.
Les mots de trop viennent. Violents. Impudents.
Je ravale les miens qui sont aussi ardents :
Je suis la bonne à tout faire, la tournebroche.
Ton courroux, pluriel, a des accents stridents.
Je me tais. Mes yeux te fixent et s’accrochent
À tes lèvres d’où sort un acide mordant ;
Tes prunelles noires me fusillent, m’embrochent,…
L’œil fier, le regard froid, moi, je serre les dents
En écoutant tes mots qui pleuvent en reproches,
J’enfouis ta morgue et tes rancœurs, mon Adam,
Au fond d’un coeur fêlé qui n’est plus qu’une roche.
Pour moi, tout est fini : crainte des incidents,
Servile soumission, durables anicroches,…
Ce soir, sans mot dire, de toi je me décroche
Et pars sous des ciels aux nuages moins grondants…

lundi 20 juin 2011

CES EAUX-LÀ... (Construction, 34x12x48 cm, 2009)


CES  EAUX-LÀ

Des coques de noix nées de l’enfance
Aux gabares de la sénescence,
La vie nous mène tous en bateau.
Tu quittes monts et coteaux,
Pour des plateaux et des plaines, 
Direction l’océan de néant
Vers lequel tout courant nous entraîne.
Là, le temps se fait béant,
Et, le cœur à marée basse,
Fini de croiser, de caboter,
On se contente au mieux de flotter.
Plus de voie, de chenal ni de passe.
Ce voyage, casquette à visière,
N’est pas toujours une croisière !
Jouant, bossant, marchant ou cuisant,
Lisant ou bien s’épuisant,
Quand certains sont aux turbines,
Craignant de couler, de chavirer,
D’autres sont en transat, en cabine,
À désirer, délirer
En oubliant que l’escale,
Son sable blanc et ses cocotiers,
Qu’on navigue au long cours ou côtier,
N’est pas pour qui reste à fond de cale.
À toute vapeur ou bien à voile,
On rame tous, l’œil sur les étoiles ;
Que tu aies pris ou non ton ticket,
Personne ne reste à quai.
Malgré les grains, les sirènes,
Qu’on supporte ou non la traversée,
Rare est l’iceberg qui vous fait verser,
Vous abîmer sur l’arène.
Pourtant roulis et tangages
Font se jeter à l’eau, capitaines
Et matelots, croyant quarantaine

  •  L’estuaire ouvrant sur le grand âge.

samedi 18 juin 2011

AL ANDALUS (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2008 - Collection particulière)

AL  ANDALUS

Le dais d’azur est chauffé à blanc
Par un astre au zénith, accablant.
Grenade, Jaen, Séville,
Cordoue et Cadix s’habillent,
À l’heure où l’on cherche la tiédeur,
Des lambeaux et des guenilles
De leur splendeur mauresque pour l’heur,
Entre flamenco et séguedille,
À l’ombre, faite mantille,
Des abricotiers, des oliviers,
Des palmiers dattiers, des goyaviers,…

Le Génie du hasard et des jours
Rappelle aux picaros, toujours,
En arabesques mulâtres,
Dentelles de stuc, d’albâtre,
Tous les barbaresques horizons
D’où vinrent ces idolâtres
Qui mirent au riche diapason
De leur savoir l’écolâtre,
Brodant la pierre opiniâtre,
Forgeant le fer à leur fantaisie
De balcons inquiets en jalousies…

Safran, rose, jasmin et lilas,
Parfums du plus bel orient, sont là.
Si chaque jardin les chante,
L’eau de la lumière enchante
Tous les souvenirs dans les pierres enfouis,
La mémoire trébuchante
D’un glorieux passé qui s’est enfui
Au fil fol d’épées tranchantes
Pour une foi desséchante
Figeant les beautés de l’Alhambra
Que nous révèlent sol y sombra.


jeudi 16 juin 2011

NIPPON NIGHTMARE (Poupée sans boîte, 24 cm, 2011)


NIPPON  NIGHTMARE    

  Lolita de fiesta toute d’énergie et de lassitude échappée de la solitude d’un manga en synergie, tu ressembles à ces photons couleurs des filles en douleur du Mont Fuji. Effigie du Japon d’aujourd’hui, fat et fin, tu es, ma foi, mi-gothique mi-aristocratique, sorte de proton fou lancé entre le rêve dont on ne veut pas et le cauchemar dont on ne sort plus, entre une brève réalité que l’on ne fuit pas et l’excentricité d’un dandysme que l’on ne fait plus.
Radieuse cosplay assourdie de bruit et nimbée de douceur ou rayonnant fruit aux mariages de couleurs hardies, tu es toujours aussi réactive dans un univers ping pong, pink punk, aux relents industriels, oscillant entre un monde cyber et l’horreur immonde, en fusion avec ton temps si court et si incertain. Particule élémentaire dilettante ou poussière acnéique délétère, te voilà gravure de mode et petite fille modèle des ados bêtas, devenus X à force de vouloir être uniques,  d’un Occident oxydé qui, quanta lui, se noie dans sa nausée à force d’avoir les mains sales.
Là est l’absurde et le quark. Brûlante d’effroi, Decora qui fait tâche au décor, électron libre qui veut vivre entre fission et fiction, arrière-petite fille d’Hiroshima, fille de Fukushima, je t’admire et te plains. Toi qui enlaces le feu d’une vie désormais presque éteinte, ce don fait anguille aux teintes de céladon, comme une molécule ronde tu t’enflammes, telle une bille ou une onde partie en vrille : ta réalité, ma Belle sans vague à l’âme, dépasse l’affliction la plus cruelle !

mardi 14 juin 2011

DOULEUR IMMENSE (acrylique sur papier, 21x15 cm, 2007)

DOULEUR  IMMENSE

Il est, parfois, des maux intenses :
Maladies d’importance,
Ou blessures de circonstance…
Là, on se sent sans consistance,
Faible, sans résistance
Et on attend de l’assistance…
Avec de la distance !
Alors, sans la moindre constance,
On refuse d’amis l’instance
Et le secours des stances
En espérant, non sans sentences,
De l’insistance ; on crie, on tance,…
On est seul, en partance,
Pour vivre son inexistence
Jours sans joie et nuits sans substance,
Pour fuir toute existence
En éternelle pénitence…

vendredi 10 juin 2011

SOUS UN CIEL DE VERRE & D'ACIER (Construction, 30,5x28x18,5 cm, 2008)





SOUS UN CIEL DE VERRE & D'ACIER

Sous un ciel de verre & d’acier
Aux soleils d’un blanc émacié,
De froid, la ville s’encoconne ;
Murs peints, cloisons faïencées
D’effroi, les vies se pelotonnent.

Sous ce ciel de verre & d’acier
Dans un monde qui se cloisonne
Et une atmosphère viciée,
L’inconnu côtoie des personnes
L'humeur morne et l'air tracassier.

Sous un ciel de verre & d’acier
Des être venus s’associer,
Vont, s’agglomèrent et moutonnent ;
Se veulent premiers, devanciers,
Dans un brouhaha qui bourdonne.

Sous ce ciel de verre & d’acier,
Sur une terre qui goudronne
Qui donc est là pour se soucier
Que même l’air se conditionne
Pour un peuple populacier ?!

Sous un ciel de verre & d’acier
On vient négocier au glacier,
Acheter comme on collectionne
Sans rechigner ni négocier,
En cohorte, en cohue qui tonne.

Sous ce ciel de verre & d’acier,
On s’illusionne, on déraisonne :
Anonymes et vacanciers,
S’emprisonnent et s’empoisonnent :
Pourquoi donc se différencier ?