samedi 30 mars 2013

EN ROUTE POUR… « UN BŒUF » (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  « UN  BOEUF »

La trompette élève la voix,
Envoie la poudre d’escampette,
Loin des carpett’, porte au pavois
Des nuits qui s’perd’, d’entourloupettes
En démerde, faute d’pépettes
Pour le fricot :
Ici, c’est emmerdes à perpète,
Faute d’écot !

Envoi en sourdin’ puis grivois,
Un sax’ s’énivre et se la pète,
Lui fait convoi ou bien renvoi.
D’autr’ cuivr’ en coups d’escopette,
Font suivre des not’qui tempètent
À tout échos,
Font vivr’ des poumons qui rouspètent
À pleins chicots…

On improvis’ !… Ça vaut tripette,
Et c'est loco,
S’ils ont pour devis’ la compète,
Les musicos !

jeudi 28 mars 2013

LE BOULIER (Construction, 2012)

LE  BOULIER

Que l’on traîne ou l’on déboule,
Notre vie n’est qu’un boulier,
Et chaque jour une boule…
Quoi que vous disiez ou vouliez
Sage, rebelle ou maboule,
Glissant, lent comme un roulier
Vient une nouvelle boule
Jusqu’à ce que vous couliez.

Dans la boue ou la ciboule
Notre vie est un boulier,
Chaque jour est une boule…
Oui, quoique vous chambouliez
Même à en perdre la boule,
Les deux pieds en même soulier,
Toutjours s’ajoute une boule
Sur la tige du boulier…

Anorexique ou bouboule,
 Notre vie est un boulier,
Où une autre boule aboule…
Quelque sol que vous fouliez,
Pas de sortie, de traboule
Suivez votre voie, rouliers,
Les mains pleines de camboules,
La tête loin du boulier…

Fils de tours ou de piboules,
 Notre vie n’est qu’un boulier,
Et non pas un passe-boule.
Et si vous le blackbouliez
Pour que son train-train s’éboule  ?!…
Pour quelqu’ dieu que vous rouliez,
Il faut suivre l’autre boule,
Sur la barre du boulier !

mardi 26 mars 2013

EN ROUTE POUR… LA VIE EN ROSE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  LA  VIE  EN  ROSE 

Quand le ciel nu n’est pas trop bas

S’encolore, se désclérose ;
Quand mon sol n’est pas aussi ras
Et que mon pas cadence en prose
Un macadam plus trop morose
Je sens des choses
Et vois, vraiment - métamorphose ! -
La vie en rose !

Quand le soleil, plus vraiment las,

Dans ses rais, fuit la sinistrose,
Que les filles ont des souliers plats,
Et, quoique qu’encore anonymes, osent
Des tons pastels, causent sans glose,
Couleurs glucoses
Je vois, et jusqu’à l’overdose,
La vie en rose !

Gris sous les nues de ma psychose,

De mes névroses,
Je vis, parfois, en heures closes,
Ma vie en rose…

dimanche 24 mars 2013

EN ROUTE POUR… LA RURALITÉ (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… LA RURALITÉ

Dépaysement, exotisme,…
À deux ou trois pas de chez soi,
« La Campagne » et ses archaïsmes,
Ses vieilleries, pierre et bois,
Ses traditions, son quant-à soi,
Vieilli et sage,
Composent, et juste pour toi,
Un paysage.

Dépaysement, exotisme,…
À deux ou trois pas de ta soie,
« La Campagne » et ses idiotismes,
Ses odeurs, son coq en hautbois,
Ou son côté « comme chez soi »,
Sans métissage,
T’attendent et t’offrent un toit,
Un pays sage.

La campagn’ n’est pas ça en soi,
Ni un corps sage
Ni une image en pou-de soie.
C’est mon message !

vendredi 22 mars 2013

EN ROUTE POUR… LE TAF' (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  LE  TAF’

Un monde en noir terne et gris sale :
Toute en ombr’, l’usine m’étreint,
Immonde et sombre, toute en salles
Ateliers, machines et trains,…
J’y suis employé et contraint,
Jusqu’aux lombaires.
Puis, las, fourbu et sans entrain,
L’soir m’en libère…

Monde aux dimensions colossales
Qui m’écrase et qui me restreint,
L’usine fait ma vie vassale,
La broie, la mixe en son pétrin.
Chaîne, contremaîtr’, pousse-au-train
Sont mes cerbères.
Mais l’soir efface ce train-train
D’un réverbère.

J’n’suis, être mécaniqu’ astreint,
Qu’fonctions tubaires,
Command’ numériqu’ pour lutrin
Et syllabaire…

mercredi 20 mars 2013

EN ROUTE POUR… UNE FÂCHERIE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  UNE  FÂCHERIE

Ils m’font porter n’importe quoi !
J’boude car ils sont sans vergogne :
"Bobo", "bibi",… et des pourquoi.
Petits poings serrés, j’ai la rogne
Mais je les tiens tous dans ma pogne.
Et bruyamment.
Je geins et crie, je pleure et cogne.
Impatiemment.

Mes cheveux, c’est n’importe quoi !
C’est pas moi - Na ! - alors je grogne.
"Popo", "pipi",… et puis quoi, quoi ?!
Yeux plissés, grimace en trogne
J’suis insupportable carogne.
Et sciemment.
Mère gigogne, père ivrogne,
À vos calmants !

Puisque tu la voulais la cigogne,
Imprudemment,
Et puisque je suis ta bastogne,
Souffr’ !… Patiemment.

lundi 18 mars 2013

L'ENCRIER EN ÉQUILIBRE SUR LE MONDE (Construction, 3012)

L'ENCRIER  EN  ÉQUILIBRE  SUR  LE  MONDE


Quand le calame ou bien la plume
Quand le crayon et le pinceau,
Posent leur regard à la ronde
Ils nous disent toujours le monde
L’écrivent et le désembrument,
Calligraphiant, en vains ruisseaux,
L’autographe de tous ses charmes,
Ou en décrivant les vacarmes.

Quand le calame ou bien la plume
Quand le crayon et le pinceau,
Mêlent à la ronde leur fronde
Ils chantent comme ils voient le monde
Lui composant sans amertume
Des vers en portails, en rinceaux,
Des mots qui parfois vous désarment,
Enluminant jusqu’aux alarmes.

Quand le calame ou bien la plume
Quand le crayon et le pinceau,
En lettres, en signes émondent
Caprices, détresses  du monde,
Notent, volume après volume,
Et ses humeurs, et ses sursauts :
Pleins des jours où il se gendarme ;
Déliés des nuits qui ne sont que larmes.

samedi 16 mars 2013

EN ROUTE POUR… LE NARCISSISME (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR…  LE NARCISSISME

Une glace de magasin,
Une vitrine me suffisent
(Tant pis si s’y trouve un voisin !)
Pour que j’admire, au mieux, ma mise :
Col, cravate, dents ou chemise 
Pour le beau gars ;
Rouge, brushing, jupe insoumise
Pour la ganga.

Pour les jaloux et les zinzins,
C’est vanité et balourdise
De se mirer jusqu’au bousin
Alors que c’est, au plus, exquise
Volupté, un plaisir qui grise
Et rend gaga.
C’est qu’il y à voir, Marquise,
Dans le bergat !

Il est conquis, elle est éprise,
Grandeur méga,
Par une image qui - surprise ! -
Est leur, Aghas…

jeudi 14 mars 2013

EN ROUTE POUR… SAN FRANCISCO (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR…  SAN  FRANCISCO

Perdue au fond de quelque square
Elle est bien loin la maison bleue
Accrochée à notre mémoire,
Dans cet enfer anguleux,
Où le jeune cadre frileux,
Pour le tableau,
Sur les traces d’un boss fielleux,
Joue au beau lot.

Regard noir et jeu de mâchoires,
Dans un univers gris et bleu,
D’acier où tout se tend à se croire
Et linéaire, et populeux,
On cause, on, crie, on court, morbleu !
Entre un allô
Trop sec et un rencart mielleux…
Pour le boulot !

Ciel siliceux, soleil sableux,
C’est au galop,
Qu’à Frisco, on bosse, parbleu !
Fonce, ballot !

mardi 12 mars 2013

NOËL 1935 (carte postale, 11x19 cm, 2012) - Collection personnelle


NOËL  1935

Grenade s’endormait sur deux ou trois notes
De Rodrigo et Manuel de Falla,…
Elle allait se réveiller au bruit des bottes
Des Marocains d’un caudillo de gala.

Séville sommeillait sur quelque poème
D’Antonio Machado, de Garcia Lorca,…
Elle allait cauchemarder, loin du bohème,
Avec Balaguer, ses sbires et choucas.

Malaga se rêvait jota, flamenco,…
Bientôt elle danserait sur l’air militaire
Du cachot, du garrot couvrant tous les échos,
Au rythme du bourreau qui sait faire taire.

Santander somnolait sous un volcanique
Passé, plein de souvenirs de sang et d’ors,
Bientôt elle vivrait un enfer chimérique,
Promise aux charniers, à la loi du plus fort.

Valence assoupie songeait sol y sombra,
Dans le sillage des rêves du Quijote,
La tyrannie l’étoufferait en ses bras,
Bénie par l’Oncle Sam et ses lèche-bottes.

dimanche 10 mars 2013

EN ROUTE POUR… LA BANQUE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… LA BANQUE

Mesdames, messieurs : c’est un casse !

N’ayez pas peur : on est bien moins
Dangereux que les flics d’la place.
Aux sans audace, aux peu loquaces
On préservera la carcasse.
Aboulez. Point.
Oui tous, du caissier fainéasse
À vous, témoins.

Messieurs-dames, nous, juste on passe

Alors pas de cris, pas de foin,
Vous verrez : on est efficace.
Gardez bien au sol votre face
Et on vous fera pas de trace.
Fait’ pas le groin :
Aux bravaches et aux coriaces,
Le nez en moins !

Et oui, c’est un casse cocasse

Ou y a pas loin :
À nous, les milliasses en liasses
Et sans tintouin !

vendredi 8 mars 2013

EN ROUTE POUR… MA CAMPAGNE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  MA  CAMPAGNE

Au vacancier venu “revivre”
Ma campagne est paradisiaque.
Et ses gens aux cheveux de givre,
Ses odeurs de repas orgiaques,
Ou ses traditions insomniaques
Tous recouverts
De mots perdus, de soins maniaques.
Mais vient l’hiver…

Pour qui ne va jamais y vivre,
Ma campagne est aphrodisiaque
Dans ses parfums d’hier qui énivrent
Vivant dans un rythme élégiaque,
Dans l’abondance dyonisiaque,…
Et tous ces verts
Loin de ces fumées d’amoniaque !
Mais vient l’hiver…

Vrai, ma campagne est démoniaque :
À découvert,
Là, Elle s’offre en vers bacchiaques.
Puis vient l’hiver…

mercredi 6 mars 2013

EN ROUTE POUR… LE CHIAPAS (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  LE  CHIAPAS

Devant la case en terre bruine
Le grain, cuit la viande fichée
De maïs,… Des faces rabouines
 Pour les touristes aguicher.
Clichés sur le pays quiché :
La tortilla
Les mantas, les colifichets,
Le charabia,…

Des Mayas dont la vie est ruines, 
Réduits au statut de michés,
Aux regards soumis, pas de fouine,
Mais qui n’ont jamais pleurniché.
Là, les gringos ont défriché,
Pas qu’un chouïa,
Pour du pétrole et déniché
La guerrilla.

Personne, ici, ne peut tricher :
Mis a quia,
Notre sang, lui, saura gricher,
Alléluia !

lundi 4 mars 2013

SOUVENIRS D'EXODE (carte postale, 11x19 cm, 2012) - Collection personnelle


SOUVENIRS  D’EXODE
Sur Que reste-t-il de nos amours (Ch. Trenet)

Soudain, ma plume aux rimes accortes 
Me mène à des heures mortes
Au soir que le froid étreint.
Soudain, cachée, la chouette me sonne
Une mort nue sans consonne,
Un temps dru, un temps éteint.

Que reste-t-il de ces vieux jours ?
- C’est inutil’ d’y faire un tour ! -
Quelques mots. Deux trois photos.
Brumes épaisses.
Que reste-t-il de ces jours fous,
De ce départ pour on n’sait où ?
La peur au ciel qui nous poursuit,
Nous presse,…

Course effréné. Jamais le temps.
Routes bondées. Soldats suivant.
Que reste-t-il ici, là-bas,
De tout ce mois ?

Las les visages des gens chargés
Mes parents sag’. Au sol, Fauchés.
Route et villag’, c’est bien plus sage
Que s'arrêter.

Des maux, des pleurs dans lesquels on s’mure.
Marcher c’est la vie qui dure.
Un’ sirène qui aboit.
La fuite de la foule folle, ivre,
Éperdue de terreur. Suivre
Sans plus personne pour moi.

Que reste-t-il de ces vieux jours
Où je crains d’avoir fait un tour ?
Des images, deux trois photos.
Brumes épaisses.
Que reste-t-il de ces jours fous,
D’un départ pour on ne sait où ?
La peur au ciel qui nous poursuit,
Nous presse,…

Gosse entraînée. Un père aimant.
Valis’. Béret. L’ombre à maman,…
Que reste-t-il encor’ là bas,
Du peu de moi ?

J’avais pas d’âge. Pour les regrets,
Des mots d’usage. Bon gré, mal gré.
Just’ de passag’ dans l’paysage.
Pas s’arrêter.

samedi 2 mars 2013

EN ROUTE POUR… LA MORT (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  LA  MORT

Encapuchonnée, elle passe

Au loin. Sombre. Sans dire un mot.
Le pied lent. La démarche lasse.
Est-ce pour un vieux, un marmot,
Qu’elle a mis son habit de maux ?
La nuit se glace,
Sous toute lanterne en trumeau ;
Le jour s’angoisse.

Sans son, comme on glisse elle passe.

Près d’elle bruissent des rameaux.
Elle est ombre. Elle nous dépasse
Puis revient sur ses pas brumaux.
Elle fait fuir les animaux.
Prend tout l’espace.
Nous regarde, fortissimo,
Cette rapace.

Ses doigts nous montrent, en jumeaux,

Ferment leur nasse.
La rue de la vie, sans un mot,
Devient impasse.