samedi 24 mai 2014

ERRANCE VAGABONDE (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)

ERRANCE  VAGABONDE

      Pas à pas, le soleil marche sur l’horizon et migre faire sa nuit de l’autre côté du jour, enjambant l’océan. Au ciel accrochés, des nuages déambulent au gré du vent qui trotte et arpente l’azur ; il les fait danser au firmament. L’écume galope de crêtes en creux, saute-moutonne,  pour venir se jeter sur les rochers où elle s’élance en gerbes étincelantes. Puis elle repart, d’un bond, se noyer dans la foulée d’une eau passante, déjà revenue à l’assaut de la paroi dans son inextinguible et bruyante course. 
   Clouée sur cette falaise, alors que s’avance la brune, je rêve dans cette nature à tout ce qui m’a tant plu ; tout ce qu’elle fait et que je ne ferai plus.

jeudi 22 mai 2014

MON CHIEN, MA TIRE & MOI (Collages, 2014)


MON  CHIEN,  MA  TIRE  &  MOI

Mon chien, ma tire et moi, on vit à cent à l'heure.

On te fait frissonner cette ville d'émoi,
Cette ville morte de fin qui, toujours, pleure
Ses gaz et ses néons, mon chien, ma tire et moi.

Mon chien, ma tire et moi, on est la vie. Gageure

Dans la cité dormant jour après jour, et mois
Après mois, où notre solitude n'apeure
Que sots et fous. Pas mon chien, ma tire et moi !


Mon chien, ma tire et moi,  on est roi à demeure
Du béton, du bitume et des esprits étroits.
On nous respecte quoi, mon chien, ma tire et moi.

Mon chien, ma tire et moi, c'est race supérieure,
Des maîtres, des chasseurs, pas des proies inférieures.
Tout nous appartient à mon chien, ma tire et moi.

mardi 20 mai 2014

AU TEMPS DE CE TEMPS (Construction, 23,x18,5x31 cm, 2008)

AU  TEMPS  DE  CE  TEMPS

Au pied de l’Horloge qui nous surveille
Mais qui m’a oubliée, je me sens vieille…
Remonter aux heures affadies, tout autant
Pour revenir au temps où j’avais tout mon temps,
Du moins, du temps, que pour revivre mes chimères :
Je voyais alors la mer dans le moindre étang !
Retourner aux sources de ces premiers printemps
Où le bien et le bon au meilleur s’agglomèrent,
Où il est midi à toute heure, Bonne Mère,
Où l’on attend  tant et tant mais jamais longtemps
Car, seul, le ciel parfois vous fait sale temps…
Je suis près de l’Horloge qui ensoleille
Mille vies et mes jours qui s’ensommeillent…
Repartir, c’est tentant, pour l’hier éclatant
Et revenir au bon vieux temps des passe-temps
Où l’on est pas conscient que tout est éphémère
Et vain : amas d’amis ou bien amours amères,
Conjugués à tous les modes et tous les temps
Jusqu’à devenir des moments, des contretemps !
Revivre ces heures que personne n’énumère,
Ce temps, qui ne se perd ni se gagne, Commère,
Où chaque minute prend son temps et s’étend
En instants insistants où le temps se distend…

Je reste au bas de l’Horloge qui veille
Aux heures que mes souvenirs monnayent…

dimanche 18 mai 2014

STRIKE ON THE ROAD (Collages, 2014)


STRIKE  ON  THE  ROAD

La route, tu vois mec, c'est ma piste de jeu ;

Nue, longue et droite. Impec' !… Et ça roule, et ça glisse,…
Tien, je m'y ferais bien un' brochette, bel enjeu !
Oui, comme ça. Pour rien. Sans haine ni malice.

Juste pour voir, un peu, si vraiment je le peux,

Pour savoir si mes pneus qui crissent, quel délice !,
Et mon moteur qui gronde et ronfle, ami, complice,
Osera, dans ce monde qui s'dégonfle, l'odieux.

Je suis chaussé de neuf. J'suis tenté. Quel supplice !

Le carrefour est veuf de son feu. Coup piégeux !
Est-ce un tour des croulants qui se disent "police"  ?

J'prends mon élan, d'un coup. Rien devant. Tout est lisse.

J'accélèr' mêm' du pouls et réussis, cœur fangeux,
Mon strike à grand bruit : dix passants d'un coup. Jeu !

vendredi 16 mai 2014

HIC & NUNC (Acrylique sur bois, 83x67 cm, 2010)


HIC  &  NUNC

La ville s’endormait
Dans les parfums de mai
Que drapaient d’un noir d’ombre
Les plis de la pénombre
Dans ce manteau aimé
Les rues enfin calmées
Hument tout leur saoûl nombre 
De ces senteurs si sombres

La ville s’endormait
Dans les parfums de mai
Que drapaient d’or et d’ambre
Les fenêtres des chambres
Le silence lamé
Des rues désembrumées
S’offre en piquant gingembre
Titillant cœur et membres

La ville s’endormait
Dans les parfums de mai

mercredi 14 mai 2014

TROP TENTANT (Construction, 2014)


TROP  TENTANT



          J'étais d'ici, de ce pays d'étangs inquiétants et peu palpitants. Mauvais temps que ce temps-là. C'est ainsi. Je n'ai pas choisi. Un contretemps pensai-je. On y vivait comme au vieux temps où le méritant allait, végétant, en passant son temps à le prendre, tout le temps. C'est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… qui s'estompe avec le temps, les vieux se mourant. Tout n'a qu'un temps et on doit le prendre comme il vient, en un rien de temps, ce temps qui se partage ailleurs  !
     Quand vint mon beau temps, en un mot le temps voulu, m'agitant, il était grand temps que je parte. C'était épatant : la ville aux charmes excitants aux tons éclatants m'attirait comme un soleil de printemps : à moi le bon temps, les longtemps,…. Pas de mi-temps ni de temps partiel, la vie se vit à plein temps ici… même pour les intermittents, pour qui les temps sont durs, il est toujours et encore temps. Enfin là. En ville, je veux dire. Dans cette ville aux populations civiles et aux temps pleins et beaux, adeptes impénitents du juste-à-temps. Un pays haletant de battants et, aussi, malheureusement pour moi, de charlatans aux ciels éclatants tant et tant. L'endroit où se donner du temps et se payer du bon temps et où chaque chose se fait en son temps, soit-il gros, bon, vilain, beau ou sale. Le temps, c'est cool !
     Je croyais y trouver un meilleurs ailleurs mais on me rappelait, mise et accent, que j'étais d'ici. Alors j'ai voué et passé mon temps à paraître autochtone, sans jamais être considérée comme indigène même si je donnais le change, de temps en temps, vivant de l'air du temps dans lequel j'essayais  toujours d'être comme il est de bon ton en ces lieux où le temps est devenir libre hors son emploi du temps surchargé. Un Léviathan excitant fait pour les Titans et les combattants d'un tout autre temps.
     Tout en étant de mon temps, je n'ai pas eu l'heur ni le temps de me faire à ces changements miroitants de temps et d'air. Les choses étant ce qu'elles sont, le temps se dilatant moins que les prix, vite exorbitants. Où on ne peut prévoir le temps, l'occuper à des riens, en gagner pour mieux le gaspiller, le marquer ou le meubler, à vouloir rattraper celui que l'on perd ou que l'on donne sans y prendre garde,… car on n'en a jamais assez et on ne peut jamais le remonter. Et pourtant à veut le gérer au mieux, mais cela demande du temps. De ce temps qui vous abîme quand il se met hors de lui-même, en temps normal !
     Je suis donc revenue ici… dans ce pays d'étangs hésitants et limitants, au mitan de ma vie. Et, depuis, j'y tue le temps à ne rien faire et, Bon Dieu, que le temps est long quand on ne sait comment le tromper ou le perdre. On se donne le temps, dans ce monde que je connais de mon enfance, où les habitants irritants me reprochent d'être, mise et accent, de "là-bas". Je suis un taon que l'on regarde d'un air de "va t'en", une fille de Satan. Moi qui suis ici née, ici, autant qu'eux, je serais corrompue par la ville. Devenue vile alors que je suis toujours moi, comme avant le temps où je n'étais pas partie.
     Certes je n'étais pas femme, alors. Ni fille, d'ailleurs. Car entre-temps…

lundi 12 mai 2014

DANS LES COULISSES D'UN DIMANCHE (Pastel à l'huile, dimensions à mentionner, 2006)


DANS  LES  COULISSES  D’UN  DIMANCHE

Elle prenait son temps inapprêtée
Plongeant ses rêves dans un livre
Un de ceux dont on ne sait arrêter
La course des mots un peu ivre
Et qui vous mène par le bout des yeux
Sous d’autres cieux à mille lieux
De ces terres si peu hospitalières
Où vous a posé un réveil
Aux façons toujours aussi cavalières
Même aujourd’hui jour sans pareil
Dans une semaine où les heures font la course
Dévorant tout en vous autour de vous comme ourses

samedi 10 mai 2014

CIRCULEZ, Y'A RIEN À VOIR ! (Collages, 2014 - Collection particulière)


CIRCULEZ,  Y'A  RIEN  À  VOIR !

Ma ville s'étouffe, hélas, ma cité se meurt.

Je la traverse sur des voies qui la transpercent.
Sans la voir, sans la vivre et sans que sa rumeur
Qui nous berce ne nous gêne plus qu'une averse

Ma ville m'étouffe, hélas, ma cité qui meurt.

Je la transperce avec des vies qui la traversent
Sans l'avoir, sans y vivre et sans que sa clameur
Qui nous perce ne semble un tantinet adverse.

Tu circules et roules autrement, en fait, tu meurs.

C'est la ville, civile, où on traque commerces
Et négoces grandis enfumant le frimeur.

Je circule et roule alimentant ma tumeur.

C'est la ville, si vile, où on cherche un commerce
Où mon gosse grandit enfumé et chômeur.

jeudi 8 mai 2014

DANS LES BRAS DE BOUKHARA (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2008)

DANS  LES  BRAS  DE  BOUKHARA

Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Toquade caprice ou bien passade
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Ce nénuphar posé sur les flots
Calmes du désert est un îlot
De paix, salvateur, une Cythère
Que jamais ne corrompit le temps.
Petit paradis d’Allah sur terre,
Pour tant de califes, de sultans,
Dévoilant ses rondeurs généreuses,
En dômes aux nuances heureuses,
Elle offrit des délices discrètes
Et, en maîtresse expérimentée,
Ouvrit ses portes les plus secrètes,
Tout en langueurs, en ombres bleutées.
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Toquade caprice ou bien passade
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Sur une route où tant on brigande,
Cette sœur aînée de Samarcande,
Fille d’oasis, sans khôl ni fard,
N’en déplaise aux vizirs, aux eunuques,
N’a jamais eu le teint blanc-blafard
Des villes où l’on tranchait des nuques
Pour le plaisir d’imams, de mollahs.
Ici, voyageurs, marchands et fellahs
Ont trouvé un bien soyeux refuge,
Jouissant de ce joyau joyeux :
Charmes et beauté, Dieu, qu’on en juge,
Réjouissent l’âme, le cœur, les yeux,…
Terre de provende ocre et lavande
Où les bleus s’invitent aux façades
Qu’on la prenne ou même qu’on la vende
Boukhara-la-Belle est femme est fleur
Face aux vents souffleurs aux vents siffleurs
 Toquade caprice ou bien passade

mardi 6 mai 2014

SUR LE BAS-CÔTÉ DE MA VIE (Collage, 2014)

SUR  LE  BAS-CÔTÉ  DE  MA  VIE

Overdose de gaz, asphyxie de couleurs,
Je roule avec les miens, vers un demain quelconque.
Je file, feinte et fonce, sans espoir ni douleur,
Sans regret ni crainte. Mon klaxon corne et conque.

Dans un décor brumeux, je joue les querreleurs,
Libre de râler là, de demeurer quiconque :
Fliqué, flashé, freiné,… Moi je rêvais de jonques,
De vents qui s'envolent et de moite chaleur.

Et poussé à la roue par tous ceux qui me suivent,
Pressé de dépasser les ceux qui sont devant.
J'ai l'ego pour valeur ; la conduite agressive.

J'ai embarqué mes jours dans la fuite en avant
Que certains, ici-bas, appellent, dit-on, « vivre » :
Suivre une voie tracée, embouteillée souvent.

dimanche 4 mai 2014

EN ROUTE… POUR VOIR L'INVISIBLE (Carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE… POUR VOIR L'INVISIBLE

Sentir, respirer le soleil,
Et goûter le vent, tout en souffle,
Qui toujours donne ses conseils
Sans jamais faire le baroufle,
Propre à l'homme, ce vain maroufle.
Laisser vibrer,
Comme un nuage fait écoufle,
L'air d'or ambré.

Humer les senteurs au réveil
Du jour, avant que ne s'essouffle
Un simple alizé, sans pareil,
Qui, las, perd haleine aux panoufles
De ces moutons que l'on camoufle,
Le dos cambré.
Tant qu'on les a, pas de mistoufle,
Même obombrée.

Eh, Toi qui vis dans tes pantoufles,
Viens célébrer,
Cette brise qui nous insuffle
D'rester cabrées !

vendredi 2 mai 2014

BALLADE NOUVELLE VAGUE (Collages, 43x34, 2013)


BALLADE  NOUVELLE  VAGUE

Tu mets en lumière Isabelle,
Là des ombres, de l'aguichant,
C'est une paumée. Mais trop belle.
Panoramique. Puis hors champ
Pas de musique ni de chant.
Zoom sur les fringues qu'on balance,
Puis gros plan sur lui, se couchant.
Faut pas de son, juste un silence.

Pas de texte ni de libelle.
Travelling, champ et contre-champ
Avec l'autre sur l'escabelle.
Il faudrait qu'il fasse méchant,
Il regarde, l'œil tranchant.
Un fond flou, genre somnolence.
Décor sobre. Rien d'alléchant.
Faut pas de son, juste un silence.

Elle a l'air largué pas rebelle.
Deux sensations se chevauchant.
Elle veut se faire la belle.
Cadre serré en s'approchant.
Pas d'action. Un ciel de couchant.
Deux impressions dans la balance :
Amour et mort, nos deux penchants ;
Faut pas de son, juste un silence.

Spectateur, pour être touchant
Excuse un peu mon insistance :
Faut pas de son, juste un silence.