lundi 30 avril 2012

EN AVAL DU PIÉMONT (Acrylique sur bois, 12x20 cm, 2005)


EN  AVAL  DU  PIÉMONT
Cycle pyrénéen

Elle vient du traversin des montagnes
Qui borne notre horizon sans feston,
Avalée par la pluie qui l’accompagne
Et nous met ici le jour à tâtons.
La couverture ourlée des nuages,
Aux couleur de bitume et de béton,9
Vient se rouler sur le drap mordoré,
Tout en nuances, teintes en partage,
D’un automne encore chaud dans ses tons
Que l’eau va laver sans décolorer.

Le grain gronde et grésille au loin, Compagne,
Quand s’effacent arbres et clochetons !
Au coussin des collines, l’ombre gagne.
Le vent force sa voix dans les chardons
Et dans ce qu’il reste, enfin, de feuillages.
Ma mie, allons, profitons du coton
D’un édredon frais qui semble ignorer
Le baldaquin des cieux et ses présages
Tant pis, si la saison change de ton
Et noie la plaine, les champs et les forêts !

samedi 28 avril 2012

PAUV' POPOV' (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)


PAUV’  POPOV’

Dès qu’il quitte son alcôve,
C’est que l’aurore se sauve,
Déchirant d’un franc couteau
La nuit au lourd loqueteau.
Il faut s’occuper des fauves,
Nourris de chair, de gâteaux ;
Puis c’est balais et rateau.
Aucun espoir ne se love
Dans ces jours où rien n’innove.

Et quand le soir naît de l’ove
D’un soleil aux accents mauves,
Avec ses étoiles en linteau,
Entre rires et flûteaux,
Cachant qu’il est un peu chauve,
Sous le toit du chapiteau
Dont il hissa les poteaux,
Il est vendeur de guimauves
En n’ayant du clown marteau
Que maquillage et manteau…

jeudi 26 avril 2012

VUES SUR LA VILLE (Acrylique sur bois, 83x67 cm, 2010)


VUES  SUR  LA  VILLE

Ville en lanières en vue cavalière
Dans l’oblique incertaine des rues
Sous la transversale aiguë des nues
Ville altière avenues et barrières


Ville en costume pluie amertume
De silhouettes de béton cru
Aux pieds de bitume suspendues
À l’écume de cieux qui s’embrument

Ville volière aux voies en rivières
Aux rides par mille rangs courues
De ces foules en traits continus
Ville aux lisières de verts-lumière.

Ville qui fume en raies et en plumes
En biais tordus et inattendus
Le long d’axes à elle cousus
Où des rais s’allument se consument

Ville verrière aux vertes clairières
Aux stries droites de barres écrues
Dont l’horizon aveugle est tendu
Ville litière aux douleurs entières

Ville en volume où des tours résument
La ligne qu’il faut suivre assidu
  Debout sans détour et incongrue
Borne en brume limite posthume

Ville ornière en diagonales fières
En perpendiculaires crochues
En démarcations ténues tenues
Ville en lanières en vue cavalière

mardi 24 avril 2012

EN ROUTE POUR… LA VANITÉ (Carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)

EN  ROUTE  POUR…   LA  VANITÉ

Dominer l’étang du temps,
Garder l’éternelle jeunesse
Pas de temps en temps, mais longtemps ;
Pour que tout soit plus que promesses
Contrarier à l’emporte-pièce
Destin, décor,…
Et, pour que notre vie renaisse,
Vaincre la mort.

Briser le rouage qui sous-tend
Nos jours et fait notre détresse ;
Être un papillon de printemps
Même au cœur de l’hiver qui blesse ;
Refuser les gris, le noir qui tressent
De peurs nos ors,
Les craintes, les doutes qui naissent
De nos trésors…

Vouloir casser ce qui oppresse
Qui est retors,
Changer de couleurs et d’adresse
Et, mieux, nos sorts !

dimanche 22 avril 2012

EN ROUTE POUR… DEMAIN (Carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)

EN ROUTE POUR… DEMAIN

Un univers aseptisé,
Avec fantaisies en vitrine,
Mais des fonctions robotisées
Des sentiments de figurine,
Des sensations en feutrine,…
À pas menus,
Demain vient, sans bruit ni clarine.
Pas l’inconnu !

Un monde déshumanisé
Des tâches et une doctrine,
Des relations mécanisées :
être affairé comme une Tsarine ;
Ne pas avoir l’humeur chagrine :
C’est incongru !
Le progrès soulèvent poitrines
Et âmes nues !

Un demain glace et glycérine,
Est au menu ;
Un demain sucs et saccharine,
T’es prévenu !

vendredi 20 avril 2012

DÉPRESSION, SOLEIL PONANT (Pastel à l'huile, 22x30 cm, 2005)


DÉPRESSION,  SOLEIL  PONANT

Là, mon cœur est à marée basse,
La brume lui fait une nasse
Noyant à jamais l’horizon
Dans les doutes et la déraison.
Voile abandonnée, solitaire,
Ou naufragé involontaire
Sur les sables du désespoir,
J'attends, jà, les ombres du soir.

Las, mon esprit a chaviré
Sur la plage qu’ont déchirés
Les vents qui ramènent des reproches,
Des remords qui, en moi, s’enrochent.
Barques échouées de mon passé,
Mes souvenirs sont crevassés
De regrets, de pluies diluviennes,…
J’espère que le noir me vienne.

Lames se couchant sur la plage,
Mon âme pleure sur les âges
Où je n’ai su faire de choix,
Où je ne faisais pas le poids.
Ma vie fut écume mourante
Pas flot, flux ni vagues mouvante ;
J'attends, là, les ombres du soir,
J’espère que vienne le noir

mercredi 18 avril 2012

EN ROUTE POUR… AILLEURS (Carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  AILLEURS

Petits hommes verts en soucoupes
Avec des robots rigolos,
Venus pour manger notre soupe
Et puis, sans faire de mélo',
Au pays où on dit “Hello
Tuer, détruire
Tous les immeubles à dactylos ;
En un mot : nuire !

À moins qu’un type de la troupe
Qu’on veut disséquer, la joue solo,
Nous préparant une entourloupe
Ou veut repartir, ramollo,
Pour son monde qu’est tout là-haut.
Faut donc détruire
Cet être, non sans trémolos,
Mais, sûr, lui nuire !

Quand tu pars au plus loin, Ballot,
Choisis, sans bruire,
Occire ou mourir, plus complot,
Pour te conduire !

lundi 16 avril 2012

LUMIÈRES D'ORIENT (Aquarelle & collages, 43x33 cm, 2011)


 LUMIÈRES  D'ORIENT

Silhouette brisée née du Passé,
Le château, devenu sable et fantôme,
Domine le printemps, sans le chasser,
Et cette ville où il n’est plus un Homme
Mais des traces de ce que fut, ce gnome.
Oui, la cité n’est qu’un fouillis de fleurs
Poussant entre le bitume et les marbres,
Un urbanisme de maisons en pleurs,
Aux architectures compliquées d’arbres
Qu’embrase le vent, que noie la chaleur.

Là, silence lourd et lumière vive
Enveloppent un vieux palmier sanguin
Qui rappelle que des foules actives,
Sans âge, de passage, faisaient gain
De champs offrant abondance et regains,
De caravanes chargées d’or, d'épices,…
Entre les immeubles lassés et vidés,
Branches et fatras de feuilles se glissent,
Et dans les maisons laissées, évidées,
Du blanc, du rose, du rouge,… s'immiscent.


La gaieté de tons, la clarté des sons,
Nous donnent, de ce monde mort, l’image
D’un calme heureux en touches de buissons,
En frondaisons posées en aplats sages,
Couleurs chaudes et paisibles frissons.
Finis le fer et le feu. La nature
Dicte les règles d’un jeu d’inactions,
Où la beauté naît du froid, des fractures
De l’enfer d’une civilisation,
Où l’on perd, peu à peu, toute stature.

samedi 14 avril 2012

EN COMMUNION AVEC SAMORY TOURÉ (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2007)


 EN COMMUNION  AVEC SAMORY TOURÉ

L’esprit en communion avec le Dieu Touré,
Avec Chaka zulu et Toussaint Louverture,
Pour que la Négritude, enfin, soit savourée,
Non comme une tache, une tare, une roture
Mais comme une fierté, “un plus” et un verger
Pour l’âme et pour l’Homme refusant de se taire.
Oui résistons, toujours, contre les préjugés
Et battons-nous, sans fin, même à genoux, à terre.
Bêtise, ignorance ne méritent que guerre !

Le cœur en communion avec, Toi, Samory
Avec le vieux Senghor et le sage Césaire
Pour porter loin des mots, des savoirs dont on rit
Avec une histoire longtemps tue, et pourtant millénaire,
Coutumes à folklore et cultures tant niées.
La Négritude reste, ici-bas, une affaire
Une vigilance, un combat à gagner
Contre idées et clichés bien plus que centenaires,
Et que nos voix, Noirs et Blancs mêlés, soient tonnerre.

Invoquant les mânes de Samory Touré,
Chantons la Négritude nécessaire
Refusant l’oppression ou les échauffourées
Comme la soumission aux brutes janissaires,
À ces mentalités qui ne veulent changer
- Apartheid dans la tête et racisme ordinaire -
Avec les Herreros que l’on a délogés,
Les Ashantis floués, les Mossi au calvaire,…
Avec Mongo Béti, Frantz Fanon changeons d’aire…

jeudi 12 avril 2012

BOUCLES & ESCARBOUCLES (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)


BOUCLES  &  ESCARBOUCLES

Fantaisies de frisottis
Pour fêter ses escarboucles.
Ses parfums se sont blottis
Dans les détours de ses boucles,
Dans les contours ébréchés
De mille mèches noisettes
Où se noient mes yeux fichés
Dans l’onde aux blondes douceurs,
Ah, frisettes de grisette
D’une torche de rousseur !

Ce soir, ces spires m’inspirent ;
Bouclettes de cheveux fins
Parant l’agraphe et attirent
Le regard. Vice sans fin,
Elle embellit de frisures
De soie le plus beau bijou,
Quelle qu’en soit la mesure
Et l’éclats dont il la pare ;
Ces anglaises sur sa joue
Font oublier le plus rare.

Un tour que ces tortillons
Ces accroches-cœur, ces guiches
Aux accents bruns, vermillons,
Où l’amant sans fin déniche
Les rappels de sa beauté,
Dans les ombres de la chambre !
Un bon tour, sans cruauté,
Dont âme et cœur se régalent,
Qui dit, en lueurs d’ambres,
Que rien, jamais, ne l’égale !

mardi 10 avril 2012

ENTRE CÉLADON & INDIGO (Aquarelle & Collage, 43x33 cm, 2011)



ENTRE CÉLADON & INDIGO

Balade aux près, ballade aux champs,
Dans les tendres douceurs premières
De souffles doux comme les chants
D’oiseaux échotant aux clairières,
Sous des nues nues, primesautières,
Qui effacent douleurs, malheurs
Des fronts, les doutes en rivières,
L’Hiver et ses vents persifleurs.

Dans les roses de ces couchants,
Promesses d’aurores plus fières,
Dans les verts tendres attachants,
Je foule un tapis enjôleur
De pétales clairs et trembleurs…
Finies les questions sans chaleur,
La rosée est fraîche comme bière,
L’Hiver et ses vents persifleurs.

Dans l’air nouveau, je vais marchant,
Un vert bourgeon en boutonnière,
Entre insectes s’effarouchant
Et Jeunes pousses en barrières,
De l’azur plein ma tête altière,
Sous un turquoise ensorceleur,
Fuyant mes bleus en pépinière,
L’Hiver et ses vents persifleurs.

Printemps, offre-nous ta lumière,
Tes couleurs, les pleurs de tes fleurs
Pour oublier, sous ta neuve verrière,
L’Hiver et ses vents persifleurs !

dimanche 8 avril 2012

IL ÉTAIT UNE FOI… (Acrylique & collages, 43x33 cm, 2011)


IL  ÉTAIT  UNE  FOI…

Il était une foi,
Foi de bois de fer
Froid comme l’enfer
Qui de loi fut chaîne
Qui broie et qui croit
Et qui ne sait quoi
Dans ses joies ses haines
Se donnant tout droit
N’offrant que « Tu dois »
Dans une vie vaine

Il était une foi
Foi de poix de peu
De proie mise au feu
Pour toute fredaine
Pour un Dieu en Trois
Qui de tout fait toit
Et de l’Autre enjeu
Qu’il voit ou reste coi
T’offrant quelques fois
Paradis pieu

Il est d’autres foi
Fois de bois de fer
Froides comme enfer
De lois faites chaînes
Qui broient et qui croit
Et qui ne sait quoi
Dans leurs joies leurs haines
Se donnant tout droit
N’offrant que « Tu dois »
Dans une vie vaine…

vendredi 6 avril 2012

EN ROUTE POUR… JOHANNESBURG (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)

EN ROUTE POUR… JOHANNESBURG

Le township à l’ombre des tours
Laisse échapper en cris, en rires,
Par les rues qui en font le tour,
Un ballon usé et martyre
Qui gâche un décor qui chavire
De couleurs crues,
Auxquelles cette ville aspire,
Verre en verrue?

Le ballon fait tache alentour,
Comme la fille qui transpire
À récupérer, sans détour,
Son bien dans ce nouvel empire
Du succès, du fric - et leurs sbires -
Qu’est devenue
La cité d’un Sud qui attire
Les revenus.

Pour l’enfant, quoi qu’on puisse dire,
Rien au menu,
Car, comme hier, quoi qu’il admire,
L’espoir est nu !

mercredi 4 avril 2012

EN ROUTE POUR… UN JOUR COMME UN AUTRE (Carte postale, 11,5, 17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR…
UN JOUR COMME UN AUTRE

La nuit en suspens dans la tête
Et du sommeil dans les idées,
Il faut vite que je m’apprête.
Je suis la première encordée,
Avec des envies évadées
De mes rêves,
Vivant une vie évidée
Et rien n’achève…

Je suis tôt levée, la discrète
Abeille d’une maison bondée
D’enfants qui ont cet âge bête
Qui oublie de sauvegarder
Noël, jouets, jeux débridés,…
Que l’on élève
À devenir des gens guindés
Et qui s’enlèvent…

Pas le temps d’aller se farder,
- L’aube est ma trêve -
De s’arrêter, de cafarder :
La vie est brève…