mercredi 30 novembre 2011

DÔMES D'HOMMES (pastel à l'huile, 24x32 cm, 2005)


DÔMES   D’HOMMES

Le bon vouloir du temps qui passe
Heures lasses qui s’entrelacent
Nous laisse parfois un espace
Où tout délasse où l’on s’enlace
Mais ces instants vite trépassent
Las la fleur fane et fond la glace
Nous conduisant vers une impasse
Sonne hélas la rentrée des classes

lundi 28 novembre 2011

TELLE EST ELLE ! (Acrylique sur toile & collages, 73x60 cm, 2006)


TELLE   EST   ELLE  !

« Que nous a dit la télé, aujourd’hui ?
Qu’a-t-elle montré ?… Je n’aime pas lire
Mais, avec elle, j’ai de la culture :
En films, en jeux,… C’est ce qui me séduit :
Je sais tout car je suis partout conduit !
Elle m’informe, elle me dit qui élire,
Et même quoi choisir comme voiture ;
Grâce aux images, tout est clair, traduit :
On sait de qui médire, quoi maudire,…

Rumeurs, science, arguments, produits,…
Tout y est : le sérieux et le délire,
La musique ou la sauvage nature,…
Sans sortir, je ne me sens pas réduit :
Pour le monde entier, c’est le sauf-conduit !
Et surtout, sans casser ma tirelire,
Elle garde, éduque ma progéniture,
Dit comment on agit, on se conduit
Et, toujours, quoi penser et puis quoi dire ! »

samedi 26 novembre 2011

RHAPSODY IN YELLOW (Acrylique sur papier, 10,5x16,5 cm, 2005)


RHAPSODY   IN   YELLOW

D’abord le cœur
 Du batteur
La corde lasse 
De la basse
Donnent un tempo
Non troppo
Rythme jase
D’une phrase

Puis le piano
Glissando
Lanc’ la cadence
De sa danse
En vibratos
Staccatos
Court la gamme
De sa flamme

De Carnac
À Marciac
Noire et croche
Vont s’accrochent
Emportées
En portées
Pris’ au piège
D’un arpège

Sur le clavier
Extasié
Et noires et blanches
S’endimanchent
En harmonie
Melody
Et s’accrochent
Double-croches

Dièse et bémol
De haut vol
Les doigts discourent
Et puis courent
Tendres ou gouailleurs
Et railleurs
Chauff’ l’ambiance
Ça balance

De Marciac
À Carnac
Le silence
Mêm’ s’élance
Et se joue
Des bijoux
Qui se scatent
Et qu’il squatte

Enfin le sax’
Cool relax
Qui dans l’air vibre
D’un vol libre
Et nonchalant
Alléchant
Puis d’autres cuivres
Vont le suivre

Nos mains nos doigts
Jamais cois
Leur font la claque
Aux attaques
En cordées
Tout’ accordées
De milles notes
Qu’on sirote

De Carnac
À Marciac
Noire et croche
Vont s’accrochent
Emportées
En portées
Pris’ au piège
D’un arpège

jeudi 24 novembre 2011

FÊTE FORAINE : FRISSON OCRE (Acrylique sur bois, 28x26 cm, 2002)

FÊTE  FORAINE   :   FRISSON   OCRE

Nous voilà emportés dans un rotor retors.
Mais les sens sans dessus-dessous, j’ai l’âme en cendre
Et le cœur au bord des lèvres. Je veux descendre  !…
Vertige de la vitesse,  tout se distord !

mardi 22 novembre 2011

IMMERSION (Pastel à l'huile, 24x31 cm, 2005)

IMMERSION

À l’heure ou l’août n’est plus un joyeux drille,
Un soleil condamné vous banderille,
La peau tannée d’une terre damnée,
Les murs asséchés, les pierres fanées,
Elle laisse le sable assoupi instable,
Pour un silence d’ombres charitables.
Alors les heures traînent en langueurs,
De la trouée nue d’un jour sans vigueur
À la noire nouée d’une nuit brève,
Pour s’abreuver à l’eau de vie des rêves
Dans une quiète et tiède intimité,
Coite et moite proximité.
Entre hébétude et béatitude
À l’abri de tous dans sa solitude,
Elle est partie vers de nouveaux ailleurs,
Pour des mondes et des êtres meilleurs
Dessus son lit, livrée à elle-même,
 Elle lit tout, délivrée par là même…
Et l’été mourant a beau aiguiser
Son fil de colère sans s’apaiser,
Plongée dans ses livres, elle s’attache
À s’y noyer plus et ne s’en arrache
Qu’à l’heure où le soleil vient s’éventrer
Sur la lame affûtée de la vesprée…

dimanche 20 novembre 2011

PARTIR (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)


PARTIR
« Il n’y a pas d’ailleurs où guérir d’ici »
E. Guillevic (1907-1997), Du domaine, 1977

Partir au loin, sans s’émouvoir,
Avant que de n’en plus pouvoir,
Et à l’arbre du savoir
Cueillir l’espoir ou bien son ombre ;
Partir pour vendanger du vent
Aux vignes du temps qui, souvent,
Offre un vin âpre et décevant
À qui s’encombre de décombres…

Partir sur les chevaux du vent
Pour les Échelles du Levant,
Les comptoirs de l’Inde en suivant
Le pas compté des caravanes ;
Partir, au delà des détroits,
Pour ces pays qui vous font roi,
Ces routes assoiffées qui poudroient
Vers des souvenirs de savanes…

Partir pour fuir le désarroi
Des hiers perdus - à ce qu’on croit ! - 
D’un aujourd’hui qui se fait croix,
Des demains qui jamais ne viennent ;
Partir pour des rêves icariens,
Suivre les courants aériens,
Refuser d’être un galérien
Du quotidien, quoi qu’il advienne !

Partir glaner ces petits riens
Qui font un destin césarien
Au dernier de tous les vauriens
Hantant les livres ou nos mémoires ;
Partir pour chercher, dans l’instant,
Le trésor caché d’un sultan,
Enfoui sous les tessons du temps
Par l’habile labeur des Moires…

Partir comme on faisant antan,
À la boussole et au sextant,
Pour l’Amazone ou le Bhoutan,
Pour ces pays aux pluies brûlantes ;
Partir, oui, sans un au-revoir
- Qui donc va s’en apercevoir ?
Qui ai-je encore à décevoir ?! -
Et qu’importe si je me plante…

vendredi 18 novembre 2011

DE L'AUTRE CÔTÉ (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2007)

DE  L'AUTRE  CÔTÉ

Ce soir de mai, de l'autre côté de la vitre,
Dans ce restaurant au luxe climatisé,
L'ambre des bijoux aux reflets irisés
Se noie dans les vins fins, s'engloutit dans les huîtres.
Les smokings, les robes ou le porteur de mitre
Ne jettent pas l'ombre d'un regard à l'enfant
Qui les envie de les voir, ainsi triomphants,
Ce soir de mai, de l'autre côté de la vitre.

Ce gosse vient de l'autre côté de la ville,
De l'étrange pays, banal et balisé,
Sis au-delà des voies rapides où, brisés,
S'entassent tant et tant de gamins serviles,
Pris, vendus, loués ou donnés, telles des proies,
Pour de gros bras de brique qui brisent et broient ;
Dans lesquels leurs trop frêles corps plie ou ploie.
Oui, à qui vit de ce côté-ci de la ville,
Misère et Crasse donnent un regard de faon
Traqué, en fils meurtri, affamé, étouffant,
Dans les taudis surpeuplés du vieux bidonville.

Ce soir de mai, de l'autre côté de la vitre,
On ne voit pas que, sous néons tamisés,
Les mômes se collent au verre, hypnotisés ;
L'alcool coule en litres ; on  distille et on filtre.
Pendant que pintades, grues, cuistres et bélîtres
Jasent et boivent en bâfrant et en bouffant,
Les gosses aux yeux qui mendient vont s'échauffant,
Ce soir de mai, de l'autre côté de la vitre…

mercredi 16 novembre 2011

PREMIÈRE SORTIE (Pastel à l'huile, 24x32 cm, 2005)

PREMIÈRE  SORTIE

  Son chéri lui avait promis, puisqu’elle est sa douce amie depuis le douzième d’un an, le restaurant, le vrai le grand. Pas le Mac Do’ plein d’ados tout mous courant le guilledou. Bien sûr, le cœur indulgent, elle n’espérait pas la féerie de La Tour d’Argent, ni les soieries du Ritz ou du Soleil d’Austerlitz mais de là à manger dans une brasserie désertée même par la lie de l’Humanité !… Pourquoi pas un salon de thé hanté par des rosières entières ou des rombières de Plombières (88), altières et gantées, tant qu’il y était !
  Ce petit café surchauffé au taulier assoiffé qui poivrote, vivote et ergote dans sa gargote, n’a même pas le charme de ces coquets troquets du Touquet, ni celui des boui-boui de Paris bouillant de vie et bruissants d’avis. Sur ces parvis, au zinc comme en salle, d’instinct on rit, on crie plus qu’on ne dit, on parie, on médit comme on maudit tout à l’envi avec l’accent de Bolivie, de Cracovie ou de Batavie. Cela ne coûte pas plus mais paye plus de mine.
  Il n’a même pas une terrasse que le soleil écrase et les passants rasent. Sûr, la table est acceptable mais, de la voirie abritée, ils ne risquent pas d’être dérangés durant leur tête-à-tête. Serait-il jaloux comme un époux ? À moins qu’il n’ait, peut-être, honte d’elle ? Serait-elle, à ses yeux, un rendez-vous passe-temps, l’hirondelle d’un seul printemps ou une haridelle d’un autre temps ? Veut-il la cacher, en initié, à ses amitiés ou… à sa moitié ?
  « Voilà un snack pour nos smacs ! » dit-il à plein volume. Elle ravale son amertume comme de coutume. Ce doit être de la poésie pour temps de Crise aux yeux de ce fadasse papillon du Parnasse qui slame sur le bitume comme d’autres, dans de complaisants salons, déclament leurs phrases avec emphase et aplomb.… Que ce dîner va lui paraître long !