mardi 31 mai 2016

ABIGAËLLE (Carte postale, 2016)


ABIGAËLLE


Abigaëlle, sour de Gisèle et fille ds'Armelle, est une hirondelle aussi simple que belle ; d'une beauté irréelle comme celle du temps où les pucelles, blanches comme asphodèles, cachaient leur triste sourire et la douceur de leur regard, prude prudence, sous l’aile d’une ombrelle, aujourd’hui chose inhabituelle. C’est une donzelle essentielle, naturelle, de celles que les polichinelles de ruelles abordent en disant, salutation cette fois peu formelle, « Mademoiselle ».
Or Abigaëlle, étincelle de la bagatelle vénielle, un peu romanichelle, est plurielle, en rien un modèle ni une oiselle superficielle. Ce n’est pas une information confidentielle : elle est spirituelle mais ne joue pas du violoncelle ; les questions existentielles ne lui encombrent pas la tourelle. Non, ce n’est pas une intellectuelle c’est « une sexuelle ». Pire, jouvencelle sans jumelle, elle devient caractérielle si un atèle sans cervelle bêlant sur ses formes ou une brêle la croyant artificielle lui cherche, dans la nuit criminelle, querelle. Cette femelle le conduit en une sombre ruelle pour une rencontre sous la pluie torrentielle… Et qu’en Cybele on lui prépare sa stèle !
Mais la cruelle Abigaëlle, oiselle à aux voluptueuses mamelles comme ses sœurs virtuelles, qui joue si bien de la prunelle comme toutes celles à qui l’on doit la faute originelle est une mortelle passionnelle, amatrice des rencontres charnelles où la mortelle ne vous sera ni fraternelle ni maternelle. Pas de maquerelle, elle est libre et frêle rebelle et rêve, comme à sa communion solennelle, de ritournelles à son nom, de dîner aux chandelles et de vilanelles éternelles - aubade ou sérénade - à condition que celui qui lui joue de la vielle pour en faire sa compagne officielle ne la voit pas la sensuelle sauterelle en épouse fidèle. Elle ne se voit pas, elle, en continuelle bonne, à cuisiner des quenelles, à faire la vaisselle ou à vider la poubelle dans la venelle. Une vie d’aisance matérielle, elle le sait, ne peut être que conflictuelle où « Madame » finit par pleurer sur l’escabelle… La gabelle est chère à payer pour cette pulsionnelle !

vendredi 27 mai 2016

EN ROUTE POUR… APRÈS L'APOCALYPSE (Carte postale, 2016)


EN  ROUTE  POUR…  APRÈS L'APOCALYPSE

Là, ici, plus rien n'est tendre.

De tout, ma foi, j'ai fait le tour.
Seul le silence est à entendre :
Il est sinistre sans détour ;
Tout pas est aller sans retour,
Ombre à attendre,
Mort et pestilence à l'entour,
Nerfs à retendre,…

Et le temps tend à se distendre ;

Avec des gravats pour atours
Le ville ne peut plus s'étendre
Vide, dans les ruines des tours.
Nous ne sommes que des contours
Donc vers quoi tendre ?
Nous sommes pour l'autre loup, vautour,…
Pourquoi s'étendre !

Alors, où et quand se détendre ?

Sur quel pourtour ?
Pourquoi à vivre encor' prétendre…
J'attends mon tour !

mercredi 18 mai 2016

EN ROUTE POUR… TÔKYÔ 1930 (Carte postale, 2016)


EN  ROUTE  POUR…  TÔKYÔ  1930

Finies maisons de papier,
Kimonos, bambou, rizières,…
Le progrès est un guêpier,
La modernité fondrière
Où malgré la foi, les prières,…
Quoiqu'épiés,
On entre, sans muselière,
De plain pied.

Et fini d'aller à pied…
Fumante comme théière,
La ville nous fait expier
Autos, fracs, melons, cuillères,…
Sans parler de nos rivières !
Vils taupiers
Hier, demain incendiaires
Et troupiers.
La Terre sera poudrière,
Va-Nu-Pieds,
À nous pouvoir, puissance, houillères,…
Sans pépier

mardi 10 mai 2016

AUX PORTES DU PARADIS (Composition, 2016)


AUX  PORTES  DU  PARADIS

Me voilà sans un radis
Aux portes du paradis.
L'Auréolé à la porte
Voudrait que je lui en sorte,
De quoi se rincer le bec.
Pas moyen de faire avec…
Je discute et parlemente ;
Comment prendre la tangente ?
Il faut comme, en bas, raquer
Pour entrer… Toujours casquer !

Me voilà sans un radis
Aux portes du paradis
À me retourner les poches
Ça s'fait pas, je sais c'est moche,
Mais il insiste le portier
Sans rabattre de moitié.
Derrière, on s'impatiente
Alors que client, clientes,
Ont désormais l'éternité
Pour au guichet poireauter !

Me voilà sans un radis
Aux portes du paradis,
Engueulé par un bel ange
Qui me décoiffe la frange,
À son tour, à réclamer
Du fric pour monogrammer
Mon halo et mes deux ailes
Alors que le Vieux, Ma Belle,
M'a enfin laissé entrer
Sans payer l'autre emplâtré !

Me voilà sans un radis
Aux portes du paradis
Mais voyez-vous, je me casse
Parce que ça me tracasse,
Que dans cet au-delà là,
On doive, sans être las,
Banquer comme en ce bas-monde.
Alors, faisons immonde
Car, j'sais depuis aujourd'hui
Que l'enfer lui est gratuit !

lundi 2 mai 2016

EN ROUTE… POUR ATTENDRE (Carte postale, 2016)


EN  ROUTE  POUR…  ATTENDRE  DANS  LA  TOUR

Je passe ma vie à attendre
Pour que vienne enfin mon tour,
Pour que j'puisse alors prétendre
À user d'mes droits sans détour,
- Si j'prends pas le billet retour
Qu'on va me tendre ! -
Comme à ceux qui sont, à l'entour,
Tous las d'attendre.

Je passe ma vie à entendre
Pester et protester autour
De moi. Rien pour se détendre.
Moi, je souris plus qu'à mon tour.
On se rit de moi, me croit tourd,…
Pourquoi se tendre ?
Le temps sera-t-il moins vautour,
Prêt à s'distendre ?

Je passe ma vie à attendre
Seul', sans atour.
Je passe ma vie à entendre,
Tranquille autour !