vendredi 30 mars 2012

LA SOLITUDE À DEUX (Dessin à l'encre & Acrylique sur bois, 16,5x10,5 cm, 2002)

LA  SOLITUDE  À  DEUX

Alourdie par les poussières du passé
Notre vie, stérile de fruit, voit croître
Et multiplier tous ces mots ressassés
Sans cesse, ces maux grandis dans l’obscur cloître
D’un cœur qui se souvient d’un temps dépassé.
J’avais semé des rêves et des espoirs
De ceux que l’on fait toujours au plus bel âge,
Mais n’ont germé que trêves désespoirs
Dans le sillage de notre mariage,
Où nos regards tranchent comme découpoirs.

Les yeux du chat noir, étoiles vertes
D’un ciel de soie, brillent tous ces soirs
Où, ensemble, on ne sait que s’asseoir
Sans plus faire de découverte

Dans les sillons réguliers de notre union
N’ont poussé que des épis d’indifférence ;
De ce que nous voulions une communion
Nous n’avons engrangé que des apparences.
De ces années passées sous le même toit
Ne sont venus que les grains de l’habitude,
Des moisons de silence à peine courtois
Que nous mettons en gerbe sans lassitude,
Il n’en sort et n’en vient rien qui n’apitoie…

Larmes couvertes et plaies rouvertes,
Notre joie ne vient que d’un chat noir
Quand l’Amour laisse l’huis entrouverte,
Une illusion que tue nos bonsoirs…

mercredi 28 mars 2012

L'ESPOIR (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)


L’ESPOIR

Faudra arriver, tôt ou tard,
À reprendre forces et courage :
La plage n’est qu’un avatar
Sur ce chemin semé d’orages
Qui, au village, a son ancrage
Et nous mènera sans retard
Là où l’eau n’est pas un mirage.
Là-bas, tu vois, c’est Gibraltar !

Il fallait qu’on boug’ not’ pétard.
Oui, notre vie à l’amarrage,
Qui était pire qu’un mitard,
Sans bagage, prend un virage.
Ailleurs, il y a de l’ouvrage
Pour les sérieux, pas les fêtards :
Ateliers, chantiers, pâturages,…
Là-bas, tu vois, c’est Gibraltar !

Bien sûr, il y eut les racontars,
Les cris, les pleurs de l’entourage,
Les mises en garde des vantards,…
Mais qu’importent larmes et outrages :
Leurs raisons, leur amour, leur rage
Sauront comme est bon le nectar
Qui se cache dans ces parages.
Là-bas, tu vois, c’est Gibraltar !

Ami, c’est fini le cirage
Nous aurons doublons et patards
Parce ce que, tout là-bas, tu vois, c’est Gibraltar !

lundi 26 mars 2012

RUÉE DANS LA RUE (Construction, 26x19x24,5 cm, 2008)

RUÉE  DANS  LA  RUE

Toute en strass la plèbe se presse
La cohue sans sursaut se rue
Ou se déplace avec adresse
En rus en ruisseaux par les rues
Toute en stress la foule m’oppresse
Et m’évacue

Schlass ou class’ tous on se compresse 
Tôt apparu tard disparu
Qui a le nez en l’air dans la presse
Qui joue obstrue la rue en crue 
Sans pataquès malgré la presse
Mort au vaincu

Business et requêtes expresses
Entre malotrus et bourrus
Chacun hélas ici s’empresse
Jeunes recrues ou vieux ventrus
On court ad patres on s’oppresse
Tous convaincus

Flâner est donc une paresse
Réservée aux morues aux grues
L’intrus qui stoppe est incongru
O Tempo O Mores tous se pressent
Sans décrue pour des vies courues
Plus que vécues

samedi 24 mars 2012

LA DERNIÈRE VALSE (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2009)


LA  DERNIÈRE  VALSE

Ta main s’abat. Je me débats
Puis m’effondre sur le grabat…
C’est un de ces coups de tabac
Qui doit résoudre nos dilemmes,
Remplace les fleurs, les poèmes,…
Et dans cet inégal combat,
Pervers et infernal sabbat,
Tu ecchymoses ma peau blême…
Ta main s’abat.

Ainsi commencent nos ébats,
Se terminent nos débats…
Mais cette violence extrême
N’est, pour toi, qu’argument suprême :
Un homme jamais n’en rabat !
Ta main s’abat…

Ta main s’abat. Je roule à bas.
J’ai mis les bras autour des bas…
Soudain ça cesse… Alors tu bats
La campagne et puis, tu blasphèmes,
Tu cries, tu pleures, dis qu’tu m’aimes,…
Moi, je ne suis, de haut en bas,
Qu’hématomes et tu me rebats
Les oreilles de tes problèmes…
Ta main s’abat.

Dans un coin, elle me rabat.
 Toi qui crains tant le célibat
J’te jure, sur mes douleurs mêmes,
Que ce soir j’n’aurais pas la flemme :
Pour l’ultime fois ici-bas,
Ta main s’abat…

jeudi 22 mars 2012

LES MÉNINES (Acrylique sur bois, 10,5x16,5 cm, 2002)


LES  MÉNINES

Cycle toulousain

          Sur le banc, devant la sacristie, deux mamies pépient à demi comme des amies. Toutes en jabot et en sabots, ces toupies, trotte-menus mais bonnes chrétiennes, jabotent charitablement sur les cornus méconnus et sabotent sans retenue les vertus des ingénues. Ces commères commercent sans merci, la piété sans pitié, colportant sur les mal portants, jacassant sur les passants : ça papote et ragote sur les gargotes sans raison, ça babille et vous habille pour toutes les saisons, ça médit sans répit et ça glapit des on-dits avec mépris - il n’y a pas de fumée sans feu ! - et, éternelle oraison, calomnie les manies ou potine sur les poitrines et les popotins,… Ces viragos cancanières, si peu casanières et sans alter ego, jasent à tout bout de phrase, et même, pipelettes, entre deux emplettes, caquettent et ruminent en tête-à-tête, surveillant un brin, veillant au grain. Sait-on jamais avec Machin !
   Sous leur fichu rouge, ces deux maritornes à l’œil morne, diffament les femmes, vilipendent, tondent et pendent : on fait la causette sur les misérables, on bave sur les souillons et les couillons, on mégère sur les filles légères, on flétrit les fleurs fanées après avoir minaudé sur les mijaurées. Mais ces harpies, pis que pies bavassent aussi sur les miséreux, insinuent sur ceux qui s’exténuent, fustigent les fainéants,… L’œil torve, le verbe haut et la mamelle basse ces fidèles pleines de mauvaise foi conciliabulent en coinçant la bulle et, souventes fois, polémiquent même dans leurs mimiques à propos de qui plastronne ou poltronne.
   Mordantes et mesquines, du matin au soir, ces matrones grinçantes font carton plein et, même si, pour le commun, elles causent sans conséquence et baratinent pour du beurre, il faut que ces mégères clabaudent à tout va et daubent en divas. Incisives jusqu’à en être canines, c’est fou ce qu’elles ont la dent dure quand elles déblatèrent, ces chamelles !

mardi 20 mars 2012

ÉCLAIRCIE EN CLAIRIÈRE (acrylique sur bois, 65x54 cm, 2006)


ÉCLAIRCIE  EN  CLAIRIÈRE  (Il faut que les bois d'orme !)

 Oui, de cyprès qu’on y regarde, Toi, l’Indien,
Tu vas à ton bouleau pour le pin quotidien.
Tu hésites : Tremble ? Frêne ?… Toi, Saltimbanque,
Ta vie est sans  charme, n’est que chênes à porter,
Mélèzes, envies de noyer - C’est pêcher, Té ! -…
Quand ça sent le sapin, un saule hêtre vous manque
Et tout est des peupliers !…
Je sais : c’est nul à scier !

dimanche 18 mars 2012

LE REFUGE (Acrylique sur bois, 21x17 cm, 2006)


LE   REFUGE
Cycle pyrénéen

  Les bosquets discrets et les futaies affûtées mussent des chemins mousseux prêts à musarder, de bouts de bois en brins de buis. Suivant la grève des gaves qui gravent leur lit, ces sentes serpentent sur des feuilles froissées, de  pentes en descentes, le long de buissons bruissants.
   Sous le camail couleur d’émail né du babil des feuillages, elles offrent au cœur moqueur ou à l’âme sans flamme, près d’une source qui sourd, le repos propice à la salutaire rêverie du flâneur solitaire. 

vendredi 16 mars 2012

FÊTE FORAINE : IVRESSE DE LA LUMIÈRE (acrylique sur bois, 28x26 cm, 2006)


FÊTE  FORAINE   :   IVRESSE   DE   LA   LUMIÈRE

Mon esprit chavire, épave au roulis rageur,
Au tournis naufrageur des néons du manège,
Collision de couleurs et éclairs ravageurs.
Ces soleils font fondre ma raison comme neige.

mercredi 14 mars 2012

NATIVITÉ PAÏENNE (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006, Collection particulière)


NATIVITÉ   PAÏENNE 

Sa tête s’incline et, sourire à la prunelle,
Ses doigts la délivrent. Une tendresse éternelle 
L’anime quand elle lui dévoile un téton
Dressé, qu’elle approche de sa bouche à tâtons.
Et, maternelle, elle s’égaye et s’émerveille,
Douce sentinelle, oubliant réveils et veilles,
De sa bouche goulue qui mord son mamelon,
Vie avide, prête à épuiser le filon…
De ce sein gonflé, ce coussin couleur flanelle,
Sourd une perle sur fond de sombre cannelle…
Je ne peux qu’admirer, inutile et envieux,
Ces gestes d’amour, si naturels et si vieux,
Qui marient les bontés offertes sans escompte
Aux seules beautés qui, désormais, pour moi, comptent.

lundi 12 mars 2012

AU FOND DES BOIS (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)

AU  FOND  DES  BOIS

Quand l’ombrage des fenêtres grouille
De regards crus, perçants, invisibles,
De cent mots couverts, couleur de rouille,
Quand choient des jalousies, irascibles,
D’indécents chuchotis qui chatouillent
Les deux poings tant ils sont indicibles,
Il faut fuir le brouhaha, la brouille,…
Loin du vacarme courant
Se mettre au vert, à couvert,
Là où gîte le pic-vert ;
Redevenir ignorant.
Perdue entre racines et ronces
Entre guérets, fourrés et halliers,
Il est, en forêt, quand on s’enfonce
Un cabanon bien hospitalier.
C’est un trou, un taudis, une turne
Aux murs écorchés, griffés des bruits
De ces bois quand ils se font nocturnes.
Les fenêtres béent, fleurant les fruits,
Les baies des buissons qui la voisinent.
L’automne y allume des flambeaux
De parfums de sous-bois, de résine,
Sous l’œil curieux d’un brillant corbeau.
Dans le secret herbeux des fourrés,
 De la futaie mêlée de broussailles,
C’est un coin loin de toute curée,
Qui ne connaît jamais la grisaille
Une ruine qu’épargnent, feutrés,
Les remous des rumeurs qui m’assaillent.
Ce lieu drapé d’oubli et de verts,
Qui n’a pas la lumière des pierres,
Dans une ombre aux abois, m’a ouvert
Son cœur et ses habits de lierre
Où sont brodées les larmes de sang,
Géraniums redevenus sauvages.
Un vieux rosier, trop envahissant
A mangé la façade sans âge,
Ses rouges faveurs ont dévoré
La porte, éventré, depuis des lustres,
Et les tuiles du toit à l’orée
D’un ciel serein aux couleurs lacustres.
Redevenir conquérant,
Changer d’endroit, d’univers,
Se reposer des revers
Et vivre en se retirant.
Quand les persiennes percées bredouillent
Des ragots aux relents invincibles,
Qui vous éclaboussent et vous souillent,
Quand les vitres font de vous la cible
Des gribouilles, arsouilles, fripouilles
Qui font bouillir les plus impassibles,
Il faut fuir les lazzis, les embrouilles,…

samedi 10 mars 2012

SOMBRES PENSÉES (Acrylique sur bois, 12x20 cm, 1998)


SOMBRES  PENSÉES

Oui, je m’abîme,
Gouffre intime,
Dans des souvenirs qui me sont autant de faix,
Perdue dans le maquis de bien sombres pensées
D’où, hier, il naquit quelques vers imparfaits
Par lesquels je vainquis, en rimes insensées,
Cette déprime
Née de tes crimes…

jeudi 8 mars 2012

BLUE NOTE (Acrylique sur papier, 10,5x16,5 cm, 2005)


BLUE   NOTE

Touches tout juste effleurées,
Harmonie aux croches effeuillées,
Encore les airs s’affolent,

Jonglent en un arpège  frivole.
Accords scatés ou parfaits,
Zélé, le piano fait effets,
Zazou jusqu’au bout des notes.

Livré au toucher du croqu’-notes
Alerte, l’impro’ il ose.
Bousculé, le rythm’ prend la pause. 
Et puis, quoiqu’un temps boudés,
Les sons volent au vent, en portées.