jeudi 22 décembre 2016

VENT RÊCHE (Collage, 2016)


VENT  RÊCHE

L'aventure en devanture,
Ma ville ventrue a vent
De mon  envie de nature
En cette veille d'avent.

Les délateurs sont tous potes,
Pipelets aux contrevents,
Et la rumeur ventripote.
En causant comme au couvent.

La ville n'est qu'un mensonge :
Ici, le jour est la nuit,
Les filles, belles-de-nuit,
À mille artifices songent ;
Ces joies m'ennuient,…
Avant qu'on sonne minuit,
Le temps fuis et mon pas s’allonge.

On a le cœur en Nivôse
- Ventrebleu, point de ventrée ! -
L'esprit triste et en Ventôse
Dans leurs banales vautrées.

Mais dans cette vie je plonge.
Las, le jour comme la nuit,
Aimant les belles-de-nuit,
Grisé qu'elles s'allongent,
Sans envie mais sans ennui,…
On sonnera cent minuits,
Avant que n'y replonge.

Je ne serai plus docile,
Plus assez sage ou fervent,
Car la Raison me décille :
Je causerai haut. Souvent.

Mon âme au ciel se ventile
Il est engoulevent :
Ville, ventouse futile,
Je te fuis sans paravent.

vendredi 16 décembre 2016

VERS DES LENDEMAINS QUI DÉCHANTENT (Dessin à l'encre, 2002)

VERS  DES  LENDEMAINS  QUI  DÉCHANTENT

La masse, dans la rue, ne se défile pas.
Elle est foule en marche qui impose son pas,
Elle est tout le peuple, et non factions, fraction ou groupes,
Et dit qu'individus qu'on veut mettre à genoux
Pour que quelques-uns puissent encor' dire « nous »,
Ou au garde-à-vous peuvent devenir troupes
Renforçant, remparant notre démocratie
Que Ligues de tous poils et réacs' rétrogrades
Veulent jeter à bas, pour rester bien assis,
Sans craindre révolte ou espérer algarades
Qui feront taire toute protestation,
Discréditée dès lors par les cognes en action.
C'est la parade des dernières bravades,
L'agitation que l'on désapprouve ou qu'on bade.

La masse, dans la rue, ne se défile pas.
Tous ces mécontents, comme au temps de grand-papa,
Refusent bousculade ou, pire, reculade :
Manifestation et revendications,
Sont ici théorie avant explosion,
Impatience et colère sont cavalcade
Contre mascarades, oubli, mépris… La colonne
Des toujours debout ne veut plus ni maux ni mots ;
Cette légion ne veut pas qu'on lui tronçonne
Droits et acquis, qu'on la berne comme marmots ;
C'est un long cortège des troubles, ribambelle
Des rebelles, parade au ras de ces poubelles
Où on veut le mettre. Il démontre à tous, et là,
Qu'on ne résigne pas, que l'on n'est pas las.

samedi 10 décembre 2016

EN AVANT, MON VAN ! (Collage, 2016)


EN  AVANT,  MON  VAN  !

Jamais vanné, c'est en van que je traverse
La vie et ma ville, sans vanterie.
Depuis mon vantail de Vanves sous la pluie qui verse
Jusqu'à la Vanoise et ses coquetiers
Je roule dans un doux parfum d'habitacle,
Vanille chimique, l'œil moins aux autos
Et à la route qu'aux vanneaux, mes potes,
Qui migrent eux aussi quand, là, ça les tâcle !

Jamais vanné, c'est en van que je traverse
La vie et ma ville, sans vanterie.
Avec ma Vanessa, d'un vannier  la gerce,
J'vais par venelles et rues d'une patrie
Urbaine me rêvant vil va-nu-pied
De Vanuatu, un songe léger comme
Un vol de vanesse, moi le sans-papier
Qu'on voit en vandale, en voleur de pommes,…

vendredi 2 décembre 2016

COQUET TROQUET (Acrylique sur bois, 2002)

COQUET  TROQUET

C’est un coquet troquet à « bourriquets »
Où l’on côtoie de drôles de Mickeys,
Des médias fidèles perroquets,
Entre deux hoquets, la larme aux quinquets,
Battant et la campagne et le briquet,
Tanguant alors qu’ils sont encore à quai.
‘Fait jamais frisquet dans ce mastroquet,
Où on va reluquer tifs rebiqués,
Où on vient saquer quelque toqué,
S’astiquer la ruche, pronostiquer,…

C’est un coquet troquet où font banquet
Des roquets, des joueurs de bilboquet
Du genre “paltoquet” ou “biquet”
Cherchant avec qui avoir un ticket,
L’œil sur tout foutriquet en affiquets
Mettant le paquet voire le baquet
Côté fragrances, parfums en bouquet.
Tous ceux qu’ont une vie étriquée
Des nuits tronquées des jours à roquer
Y ont un but où vaquer sans truquer.

C’est un coquet troquet sans tourniquet
Ni loquet où chacun joue du caquet.
Mais, ici pas de joueur de croquet
Ni de piquet, de gin ou de cricket,
Au zinc, aux tables ou sur le parquet :
Ces freluquets-là, ils nous font raquer,
Tous des criquets qui nous voient en laquais !
Ici, on aime à chiquer, se braquer,
Critiquer, répliquer ou rétorquer
Et sans faire casquer qui a craqué.

C’est un coquet troquet, un bistroquet
Né au temps des boquets, pas des mousquets,
Quand y avait en ville des bosquets
Où t’attendait apache ou barbiquet,
Quand on disait « D’accord ! » et pas « O. K. ! »,
Que “Loriquet” était mon sobriquet,
Que Riquet et Gros Louis breloquaient
À l’alambiquée tout étant acquêts…
Sans faire tiquer on y matraquait
Qui s’embusquait, juste pour provoquer.

C’est un coquet troquet, là évoqué,
Où l’on viendra demain cliquer
Et plus boire ou causer, sans piquer,
Clé à cliquet, vent, changement de braquet,
Beaujolais nouveau, pluie, suif, pannequets,
Jeux - trinquet, jacquet,… - chasse au jaquet
Ou au traquet qu’est si dur à traquer,…
Tout cela sans oublier de trinquer .
Finis ces lieux où soliloquer
Ou trafiquer sans pour cela choquer !