samedi 30 juillet 2011

ENFANCE EN SOUFFRANCE (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2006)

ENFANCE  EN  SOUFFRANCE

Parc’ que m’a voulu noire un dieu ou la nature
Mon peuple n’a pas d’Histoire et moi de papiers
Je n’ai droit qu’aux insultes aux mots qui dénaturent
À voler ou à mendier et aller nu-pieds

Je n’ai qu’un squat ou une tôle pour toiture
Et je m’épuise d’être par leur traque épié
Et souffre d’être par leur matraque estropié
Parc’ que m’a voulu noire un dieu ou la nature

Poubelles à faire ou à vider j’irai expier
Demain les racines de mon autre culture
À moins que d’un trait un obscur gratte-papier
Ne m’envoie quémander ailleurs ma nourriture
Parc’ que m’a voulu noire un dieu ou la nature 

jeudi 28 juillet 2011

RETOUR À PORT SAÏD (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2010)


RETOUR  À  PORT  SAÏD

Barrière d’Orient, octroi d’Occident,
Porte de deux mondes, sur la terre ronde,
Qui n’ont de cesse que de montrer les dents
L’un à l’autre et l’autre à l’un, qui toujours grondent
Armés qui du cimeterre, qui du trident,
Tandis qu’eaux d’ici, eaux de là, vagabondent !
Port que se disputent tant de prétendants,
Coincé ciel et déserts, tu fécondes
La terre et l’eau pour faire naître incidents
Accidents ou différends, entre deux  frondes,
À force de précédents, d’antécédents,…
Mais tu ne rêves qu’aux îles de la Sonde !
Barrière d’Orient, octroi d’Occident,
Et trait d’union évident entre deux ondes,
Port moins riche d’or noir que de chiens grondants
Redeviens, ici-bas, pour une seconde,
Plus qu’une ligne de partage qu’ardents
De tous bords veulent voir sur la mappemonde !

mardi 26 juillet 2011

À L'EXPOSITION (Construction, 31,5x22,5x28,5 cm, 2008)

À  L’EXPOSITION

Tout à la fois rétrospective 
Et « mise en perspective »,
Cette exposition fait le plein
De curieux, de clampins
Qui ramènent là leur science,
Usent ma patience.
Ils font de cette exhibition
Que certains voulaient mienne,
Le salon de leur prétention,
Et, pis, de leur antiennes, 
Le vain musée de leur savoir,
Eux qui savent ce qu’ils faut voir.
Et dans cette pinacothèque
L’artiste est un métèque
Qui fait tâche ou tapisserie
Quand ces « Messieurs » qui rient,
Connaissent tout et se passionnent
Dissèquent, collectionnent,
Posent fiers pour la galerie,
Pour la photo où l’on sourit
En attendant, bien sages,
Calculant leurs faux frais,
Le seul intérêt d’un vernissage :
Le moment de bâfrer !

dimanche 24 juillet 2011

MODERNE SOLITUDE (Dessin à l'encre & acrylique sur bois, 16,5x10,5 cm, 2002)

MODERNE  SOLITUDE

À l’aube de sa vie, l’Homme, enfin seul, respire.
Comme à l’aurore de ses amours, il soupire,
Au matin de bâtir son empire, il transpire.
Au midi de toutes ses envies, il aspire
Mais le crépuscule  de ses jours lui inspire
Des peurs contre lesquelles, à la brune, il conspire.
Or seul, à nouveau,  au soir du pire, il expire.

vendredi 22 juillet 2011

AVANT L'INTERRO' (Pastel à l'huile, 21x15 cm, 2005)

AVANT  L’INTERRO’


Angoisse stress questions
Dans moins de dix minutes
C’est interrogation

On s’inquiète on discute
Ultimes révisions
Avant que ça n’débute
Et puis en prévision
On cherche qui percute
Faut s’placer fair’ pression
Vite un tuste et puis flûte

Angoisse stress questions
Dans moins de cinq minutes
C’est interrogation

Celle qui persécute
Et puis sans illusion
Mèn’ra à la chute
Et à la réclusion
Si on va à la lutte
On y va sans passion
Personne ne chahute

Angoisse stress questions
Dans moins d’une minute
C’est interrogation

mercredi 20 juillet 2011

BRAZZA' (Acrylique sur toile, 73x60 cm, 2008)

BRAZZA’

Chacun s’approprie la ville
Que construit et que bâtit
La société, incivile.

Sans plan ni ordre abouti,
Qu’on soit nanti ou servile,
Chacun s’approprie la ville !

C’est ainsi, à Brazzaville :
Chacun érige et lotit,
Chacun s’approprie la ville !

Ainsi grandit la grand’ville,
Au sol ou sur pilotis,
La société, incivile.

Et la corruption si vile
Crée amnésie, amnistie,
La société incivile.

De débrouille en vaudeville,
Pour le boulot, le rôti
Chacun s’approprie la ville…
Ah, société incivile !

lundi 18 juillet 2011

AU BANC ABANDONNÉ (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)

AU  BANC  ABANDONNÉ

Sur une plage nue, 
Offert aux inconnus,
Je défie le monde. Mieux, fier et fou, j’affronte
Cet horizon désert
Où naît le vent disert
Qui soulève l’onde à la fronde toujours prompte.
Si le sel m’a rongé
Et l’écume aspergé,
Je reste à l’amarre, battu par les bourrasques
Qui me laissent si seul,
La brume pour linceul,
Face à cette mare et à ses frasques fantasques.
Mais je reste de bois
Quand l’Homme est aux abois
Voit dans les coups de lames, les nœuds des nuages
Ou le cri des oiseaux,
Quelque doloroso,
L’augure du drame, l’annonce d’un naufrage.
Pont entre terre et mer,
Sable âpre et ciel amer,
J’ai un pied dans la trombe et goûte au jus d’orage
Plus souvent qu’à mon tour
Sans craindre le retour
Des heures sombres où l’eau est à tous les étiages…

samedi 16 juillet 2011

EXISTENTIELLE (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2007)

EXISTENTIELLE

Naître pour connaître
Mais savoir sans voir
Et puis, pour paraître,
Être moins qu’avoir,
Toujours, tout admettre.
Ne jamais prévoir
Plus que le bien-être
Qui s’achète au prêtre.
Ne rien concevoir,
Subir, se soumettre
À tous ses devoirs ;
Ne rien se permettre,
Toujours décevoir.
Enfin disparaître
Sans dire au-revoir
Et bien peu transmettre…

jeudi 14 juillet 2011

SOUVENIRS DU CAIRE (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2010)

SOUVENIRS  DU  CAIRE

  À trois pas du pied des pyramides et du jade des jardins toujours arrosés, les fils du vieux fleuve émeraude, sous l’égide austère de minarets diserts, de tours babéliennes et de fumées jaillissantes comme des geysers, ont déguisé l’antique et paisible plateau de Guizeh en métropole que plus rien n’intimide, grouillante jusque dans les sables du désert. Non loin des verdoyants vergers tout en fruits, le goudron habille  même le vert fertile du Nil que veille un rang de cyprès surpris par le vent qui façonne leur profil aiguisé comme on forge l’acier.
  À trois pas du pied des pyramides, se côtoient l’ombre du vieux Ptolémée, la mémoire de crues qui paraient les prés de couleurs anis et amande et le souvenir de la divine Cléopâtre aimée par de vieux Dieux farouches et de grands hommes que sa beauté rendait timides. Les foules affamées des quartiers mal famés, mêlant momies séniles venu du pays numide et masses juvéniles au regard humide, squattent les toits que parfois la Fortune leur octroie et occupent un cimetière à l’étroit où chaque tombe est un véritable cheval de Troie. 
  Sur le bitume où courent mille et un bruits, les souks assainis et le bazar reconstruit accueillent, un instant, le touriste instruit venu passer de la culture à l’exotisme, de sépultures à l’ésotérisme,… Mais cette métropole si peu sage que rien n’intimide ne se laisse pas quitter sans dommage : longtemps, comme elle le fait des voiles de toile des felouques, elle avale l’âme et dévore l’esprit de tous ceux qui, pour un temps, s’en sont épris, à trois pas du pied des pyramides…

mardi 12 juillet 2011

ATTENDRE (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)


ATTENDRE

Attendre qui est parti,
Pour une simple sortie,
Relever filets et nasses,
Sur des flots qui vous embrassent,
Sous un vent qui vous enlace,
Aux premiers jours de mai.
Attendre cet être aimé
Et lui conserver sa place,
Seule, bravant cet espace…

Attendre qui est parti
Sur une plage investie
De foules qui se délassent
De ces flots qui les embrassent
Et du vent qui les enlace.
Et qui s’en jouent, désormais.
Attendre à n’en pouvoir mais
Et espérer à voix basse
En priant pour une grâce…

Attendre qui est parti,
Vivre comme au ralenti
Alors que les saisons passent.
Face aux flots qui vous embrassent,
Dans un vent qui vous enlace,
Attendre cet être aimé
Qui ne reviendra jamais
Sans entrer dans l’eau qui glace…
Alors que le reste lasse.

dimanche 10 juillet 2011

VAUDOU, VEAU D'OR (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2005)

VAUDOU,  VEAU  D’OR

Tarot et horoscope divinatoires
Vous dévoileront tous leurs secrets sacrés
La magie noire sagesse des grimoires
Ouvrira votre esprit aux divins décrets
Vous êtes dans le doute je vous attends

Au sort de vos amours donnez plus de charme
Par talisman fétiche ou envoûtement
Et contre vos douleurs forgez vous une arme
Par le maraboutage ou un jeu d’aimants
Si des choses vous troublent je vous attends
Contre vos ennemis une messe noire
Pour un maléfice ou une invocation
Je sais l’alchimie potions et bassinoires
Je fais fuir les zombies les apparitions
Votre âme est en déroute je vous attends

vendredi 8 juillet 2011

L'ATELIER n°19 (Acrylique sur bois, 82x67 cm, 2006)

L’ATELIER   n° 19

Sous la haute fenêtre en chante-pleure, tout n’est que sons et sueur. Sur les tourments de la chape de ciment à laquelle rien - ni de larvé, ni d’énervé - n’échappe, c’est encore la corvée des forçats de fortune au cœur attelé de conserve à un même travail, au corps attaché sans réserve à une même tâche ; le geste mécanique, le reste anémique. Dans ces chauds cachots, otages de la chaîne de montage, menottés à une machine à peine moins humaine qu’eux, ces robots ont leur boulot pour boulet, peine imposée pour avoir quitté la geôle de l’école ou fui le bagne des campagnes de Lomagne ou de Champagne. C’était cela ou les barreaux d’un bureau, autre bourreau…
Aliénés industrieux dans ces forteresses industrielles où on les claquemure, gardés par la pendule cyclopéenne de leur cellule, ces esclaves volontaires, reclus et perclus dans leur enclave, sont payés, d’une pièce, à la pièce au gré de cadences que sans cesse on relance, prisonniers des pressions des matons oppressés d’une précieuse croissance pressée. Mis en joug et en joue, ils ploient sous le poids du labeur à toute heure et le harnais du progrès sans arrêt, souffrent sous le bât d’un rendement jamais content, menés par la bride du profit, torturés par la crainte du déficit et la question d’un avenir délocalisé…