mardi 28 février 2012

DOLORÈS, FILLE D'ESPERANZA (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)

DOLORÈS,  FILLE  D’ESPERANZA

Pieds nus, dans la boue de la rue,
Elle quête de quoi survivre,
Quand le soir commence sa crue,
D’un pas lent que la faim rend ivre.
Le plateau, en manteau de givre,
Si près des cieux, si loin de Dieu,
Se pare des reflets du cuivre
Qui a rendu les hommes odieux…

Ici, seuls les flics sont ventrus !
Son frère, à la mine, délivre,
Au pic, les filons apparus…
Il a huit ans ; il faut bien vivre !
Les autres y sont ; il faut bien suivre !
Serait-ce un de nos anciens Dieux
À cœur, ou même à corps, de guivre
Qui a rendu les hommes odieux ?

Des mains de ces mineurs bourrus,
Trop saouls, trop las, pour la poursuivre,
Aux doigts des gringos malotrus
Qui ont des dollars et des vivres
Auxquels chacune, ici, se livre,
Sans larme, elle a fait ses adieux,
À douze ans, aux jeux et aux livres…
Qui a rendu les hommes odieux ?

Tous ces enfants au teint de cuivre
- Soleils radieux, vents mélodieux -
Dans quel enfer doivent-ils vivre !?
Qui a rendu les Hommes odieux ?

dimanche 26 février 2012

IMAGE & MAGIE (Poupée en boîte, 30x36,5x7 cm, 2011)

IMAGE  &  MAGIE
L’ombre se fait poussière
Et la nuit noire s’abat.
C’est soir de sabbat.
Pour nous, les sœurs sorcières
 Bien plus grimacières
Que ne le sont de gros rats,
Le balai au bras,
Le grimoire en gibecière
On sort notre argot,
La marmite nourricière
Qui sent le fagot,
Nos sorts et nos sortilèges,
Tout un florilège
De sacrilèges savoirs.
On est là pour voir
Sire Diable qui envoûte
La céleste voûte,
Et s’accoupler au Démon
Entre serments et sermons.
 On fuit nos maudires ;
De nous, on n’ose médire
Tant nous faisons peur,
Provoquant vapeurs, stupeur,…

 Fille du fiel, de Gorgone,
Harpie au noir talisman,
Maitresse en enchantements,
 De Carabosse épigone,
Dans les bois d’Argonne
Tu caches des diableries
Dont les serpents rient.
Tu marmottes et tu marmonnes,
Fleurant le vieux bouc ;
Tu cries et tu t'époumones :
Tu effraies les ploucs
Qui tant redoutent tes filtres
Qui partout s’infiltrent,
Ces potions et ces poisons
Qu’ont fait, à foison,
Dans une baignoire,
Tes cent sœurs en magie noire
Et superstitions,
Avec force incantations.
Toi, furie, tu danses,
Indécence et décadence,
Près du feu souffreux
Causant ton sabir suiffeux.

vendredi 24 février 2012

FERVENT COUVENT (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2010)


FERVENT  COUVENT

Un calme froid. Voûtes lancées,
En silence, à l’assaut des chaudes
Lumières de vitraux gansés.
Un lieu peuplé d’ombres dès laudes.
Le calme froid. Voûtes lancées
Vers un ciel serein, comme une ode
De pierres nues aux cieux, censée
Se soustraire au sang, aux synodes.
Un calme froid.
Paix, simplicité insensée,
En silence, à l’assaut des chaudes
Avances d’un dieu offensé.
Nulle vilenie, pas de fraude.
Un calme froid.
Chapiteaux discrets, dispersés
Sis en cloître secret. Synodes.
Lumière des vitraux gansés.
Paix. Respect. Humilité. Méthode.
Un calme froid.
Des murs muets, ensemencés
D’étoiles, clémence en maraude
Aussi ce plain-chant encensé.
Un lieu peuplé d’ombres dès laudes.
Un calme froid.

Des carreaux, sages, nuancés,
Doux - Garance, pastel ou gaudes -
Reposant au sol, faïencés.
Oui, le temps béat jamais n’érode
Un calme froid…

mercredi 22 février 2012

LUMIÈRE DU LEVANT (Acrylique sur bois, 25x42 cm, 1995)


LUMIÈRE  DU  LEVANT
Cycle pyrénéen

Les confins rougeoyants du ciel s’éveillent
Hissent une bannière d’ors et de sang
Drapant de couleurs les monts en merveilles
Couvrant  la vallée d’une ombre attiédie
L’air dépose des rubis innocents
Que le frais petit matin congédie

lundi 20 février 2012

HARLEM STORIES (Acrylique sur bois, 12x20 cm, 2000)

HARLEM  STORIES

La nuit éteint, jusqu’au lointain,
Ces rues sans fin et les étreint
De faim, d’espoir, d’envie de trains
Jusqu’au matin… quand on l’atteint.
Partout ça gèle et neige
Dans la lumière beige…
Là, pas de leurre et rien d’exquis :
Le ciel est gris ; un bébé crie ;
Sa mère pleure. Tout est écrit !
Un mistigri, dans ce maquis,
Il nait et meurt comme un proscrit,
Plus amaigri que Jésus-Christ !

La rue lui sera son école,
De la débrouille à la bricole…

L’ennui, l’alcool, l’envie, la faim,…
Petit larcin puis coup de main ;
Le plus malsain s’ra pour demain :
Sexe et butin, puis crime enfin…
Partout pièges et neige
Dans la lumière beige…
Jusqu’à cette heure où l’enfant gît
En ombre grise, en sang s’inscrit.
Sa mère pleure. On retranscrit :
« C’est un’ tuerie ! », « Y’a pas d’magie ! »,…
Puis d’autres pleurs ; un bébé crie.
Le ciel est gris. Tout est écrit…

samedi 18 février 2012

ODE À BAGDAD (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2008 - Collection particulière)

ODE  À  BAGDAD

Dans la ville ronde, pas de tours sans atours,
Peu de créneaux, de barbacanes,
Pour se mieux protéger d’hostiles alentours,
De voisins qui envient et glanent
Vos arpents de sable ou bien même sans détour,
Qui grignotent ou, pis, chicanent
Vos frontières et vos terres comme vautours,
Usant d’artifices, d’arcanes.
Parfois, on supplie la pluie de faire sa loi
Face à l’Astre qui brûle et brille, ou illumine.
Quand la nuit se déplie, quand la nuit se déploie,
Le fleuve argentin enlumine
Le platane qui plie, le peuplier qui ploie
Sur le fil de flots qui cheminent,
Adamantins, sous la lune qui luit et noie
D’or les dômes qu’elle domine.
Si ces eaux connaissent quelques débordements,
Balayant les baies et les barques,
La ville leur doit la vie, l’enrichissement.
Bien que capricieux, ces monarques
Vivent calmement et voluptueusement,
Même quand le Destin débarque
Pour châtier jardins et maisons, si rudement
Qu’ils en gardent longtemps les marques.
La cordouannerie comme la droguerie
Ont rendu la cité célèbre ;
Soieries, damasserie et maroquinerie
Sont connues au-delà l’Èbre,
Comme les splendeurs de sa damasquinerie.
Patrie du savoir, de l’algèbre
La cité d’Al-Mansour brille sans pillerie
Même quand viennent les ténèbres.
Fertile et prospère terre de marchands,
On y trouve tapis, lunettes,
Cèdre, chanvre, mohair, angora, fruits des champs,
Astrakan, caviar,… La planète
Fournit ses artisans, ses marchés alléchants
Même quand, brisant la chaînette
Frêle des jours, les cieux se font obscurs, tranchants
Comme l’est une lame nette…

jeudi 16 février 2012

LES « MALGRÉ TOUT » (Pastel à l'huile, 24x31 cm, 2005)


LES  «  MALGRÉ  TOUT  »
Malgré le ciel bas et las
Qui s’enroche de nuages
Venus, non sans quelque éclat,
Régner sur nous sans partage ;
Malgré le vent froid dont croît
L’envolée intarissable
Qui nous glace et, de surcroît,
Nous aveugle avec le sable ;
Malgré l’amer de la mer
Qui de la grève divorce
Et la violence de Khmer
De ses vagues si retorses ;
Malgré tous ces éléments,
Malgré ces désagréments
Et leurs tristes conséquences
Qui ont pourri nos vacances,
Chaque jour de nos congés,
Payés plus cher qu’un viager,
On est allé aux coquillages :
CHEZ NOUS, PAS DE GASPILLAGE !

mardi 14 février 2012

MADEMOISELLE TOUCOULEUR (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)

MADEMOISELLE  TOUCOULEUR
En parures de petites pierres emperlées
Et colliers composés de cauris cannelés
Qui cliquettent souvent, s’entrechoquant sans cesse
Quand tu presses un peu ton pas souple de princesse,
Tu ennoblis ce petit marché ashanti,
Toi, fille déçue des rois déchus de Mopti.

Tu vas nu-pieds dans la poussière semée d’orge,
Un drapé flamboyant, ondoyant sur ta gorge.
Fière âme et corps félin, ta retenue tu gardes
Enflammant les yeux des hommes qui te regardent :
Tu sauras décevoir leurs avances et tancer
Ceux qui n’ont vu que tes hanches se balancer !