dimanche 30 octobre 2011

LA BIBLIOTHÈQUE ROSSE (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)

LA BIBLIOTHÈQUE ROSSE

 Cette fois, c’est pour de vrai !
Nous voilà livrés aux livres,
Tortionnaires en livrée
- Le bon grain comme l’ivraie ! -
Dont le supplice délivre
Aux dires de ces pauvrets
De profs au poil mal poivré.
Le nôtre, un navrant Havrais :
Dit « Vous la fermez !… Vous l’ouvrez ! »…
Quand faut lire et « faire vivre »,…
À qui ça plaît pour dire vrai ?
Aux filles ? Aux désœuvrés ?
Il y en a que ça enivre…
Il faut être un peu givré !…
Moi, ça va : je suis sevré !

vendredi 28 octobre 2011

LIBBREVILLE (Acrylique sur toile, 73x60 cm, 2008)

LIBREVILLE

Cette ville particulière
A de l’Afrique les passions,
S’agitant comme une volière.
Ses dimensions, ses vibrations
En font, ma foi, un’ fourmilière
En action, toute en sensations,
 Parée de couleurs cavalières,
En tension, en perturbations…
Cette cité hospitalière
Vit et bruit, sans complication,
D’activités irrégulières
Et d’une vraie insoumission.
Sa population singulière,
Malgré les mystifications,
S’amuse de sa muselière,
De la pression de l’oppression…

mercredi 26 octobre 2011

DES JOURS COMME ÇA (Acrylique sur bois, 22x15 cm, 2000)


DES  JOURS  COMME  ÇA…

Il est de ces jours, comme ça,
Où le papier vide ma plume
Sans qu’une lueur ne s’allume.
Il est de ces jours, comme ça,
Où ma verve n’est plus féconde
Et mon verbe plus que faconde.
Il est de ces jours, comme ça…
Il est de ces jours, comme ça,
Où mes mots n’ont ni fond, ni forme ;
Ma langue en strophes se déforme.
 Il est de ces jours, comme ça,
Où pour une bonne formule
Mille et un clichés j’accumule.
Il est de ces jours, comme ça…
Il est de ces jours, comme ça,
Où ma ligne perd sa césure
Et le rythme toute mesure.
Il est de ces jours, comme ça,
Où la rime perd la raison
Et mon propos sa déraison.
Il est de ces jours, comme ça…
Il est de ces jours, comme ça
Où mes vers perdent pied, trébuchent
À la toute première embûche.
Il est de ces jours, comme ça,
Où les sons, polissons, se mêlent
Au sein de stances qui s’emmêlent.
Il est de ces jours, comme ça…
Il est de ces jours, comme ça,
Où les muses de moi s’amusent
Bien qu’à les séduire je m’use.
Il est de ces jours, comme ça
Où l’encre se fait sympathique
Et se refuse à ma pratique.
Il est de ces jours, comme ça…
Il est de ces jours, comme ça,
Où le discours, à court, soupire,
Où toute inspiration expire.
Il est de ces jours, comme ça,
Où, comm’ ce soir, je reste en rade
Et ne ponds que pâles tirades.
Il est de ces jours, comme ça…

lundi 24 octobre 2011

samedi 22 octobre 2011

LE PAS BAVARD & SON BAVEUX (Dessin à l'encre, 16,5x10,5 cm, 2005)


LE   PAS   BAVARD   &   SON   BAVEUX

Pourquoi je parcours mon journal dans ce coin perdu ?
Parce ce qu’il n’y a que là que je sois tranquille
Et si vous n’avez pas d’autres questions indues
Je retournerai volontiers sur la presqu’île
Où je naufrage ainsi mes trop longues journées,
Où j’exile, avant d’aller offrir ma tournée
Au café d’â côté, ma vieille solitude
Qui n’appelle plus aucune sollicitude.

jeudi 20 octobre 2011

VIRELAI SUR LA TRISTESSE DES TEMPS (Acrylique sur bois, 22x15 cm, 2000)


VIRELAI  SUR  LA  TRISTESSE  DES  TEMPS
À E. Deschamps (1346-1406)

Sur ma foi, qu’aurais-tu dit
Père de la prosodie,
Si tu connaissais mon temps,
Toi qui, cela fait longtemps,
Trouvais le tien enlaidi ?!
Ton siècle qu’on voit si pie
Te semblait bien décrépi
Car, à l’inverse d’antan,
Tout y allait mal et pis,
De la morale assoupie
Aux idéaux mal-portants.
Tout te laissait interdit :
Les valeurs en discrédit
Et le savoir s’encroûtant.
Ils ne sont pas ragoûtants
Nos jours d’hui, noble érudit :
Sur ma foi, qu’aurais-tu dit ?! 
Argent qui seul a crédit,
Honnêteté qu’on maudit,
Ne sont pas moins contristants !
L’Amour qui des cœurs mendie,
Le mérite abâtardi,
Sont tout aussi irritants !
Comme Adam en Paradis
On fait tous pareil, pardi,
Regrettant d’anciens instants,
Meilleurs que ceux existants.
Et sur cette maladie
Sur ma foi, qu’aurais-tu dit ?!

mardi 18 octobre 2011

AU JEU DU JE (Acrylique sur toile & collages, 110x92 cm, 2008)

 AU  JEU  DU  JE

  De l’autre côté de l’absence, sur les rives pavées de violence, des jours asymétriques de turbulence s’écoulent de lune en lune, en partance pour un demain aux contours géométriques qui ne vient jamais. Pourtant, il me relance et étrique une vie banale aux ombres envahissantes, canalise à l’envie mes desseins excentriques. L’incertitude glacée d’un avenir aux formes abstraites et pourtant si nettes invite, en dessin d’arabesques macabres, des regrets croque-morts et, en cauchemars tantriques, des remords vinaigrés.
  Jeton jeté sur le damier des souvenirs stéréotypés et des souvenances stériles, entre fond et forme, je tente ici-bas ma chance, sous les traits d’un présent trop présent, au backgammon des espérances fanées où se lézarde l’aplat des espoirs, masses tenaces de rêves fugaces. Voyant dans l’errement une perspective de mouvement et dans l’impression d’une ligne l’illusion d’une courbe, je me hasarde aussi sur l’échiquier de l’utopie sans âge et des mirages impies sous les auspices d’étoiles sans éclat et sans sillage. 
  Mais, ponctuellement, notre monde avili et déstructuré, ordonnancé sans rime ni raison depuis les fenêtres salies de l’enfance jusqu’à un mot fin pâli, en passant par la fusion d’une effusion, les bleus sableux et les cieux soucieux de l’insomnie, compose parfois un coin de paysage à la Vasarely.

dimanche 16 octobre 2011

NAÏADES À LA BAIGNADE (Pastel à l'huile, 31x24 cm, 2005)


NAÏADES   À   LA   BAIGNADE

  Sans emblème ni faconde, un jour blême vient au monde. Dans leur ronde féconde, problèmes et dilemmes que l’aurore qui pérore n’a pas endormis, s’évadent vers des cieux anxieux où les matins importuns n’offrent pas de trêve au rêve, où l’écume qui abonde cache la profondeur de la mer vagabonde. 
  L’océan qui gronde et inonde dans ses habits de vent, bat et inhume la plage hantée, comme les songes mon esprit tourmenté : désirés, ils s’avancent et se meurent à mes pieds mais quand je crois m’en saisir, ils se retirent laissant filer entre mes doigts ridés des bulles amères et salées comme des embruns.
  Dans l’opale des lames ogresses et furibondes germent, du roulis rageur des rouleaux ravageurs, des naïades girondes aux yeux de gemme, au corps de brume et aux cheveux d’écume que personne ne voit. Pudibondes, elles ne laissent que des traces brèves sur la grève que balaie le ballet des flots en allés.

vendredi 14 octobre 2011

L'ENFANT DE LA BALLE (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2008)


L’ENFANT  DE  LA  BALLE

  Comme dans un théâtre d’ombres, tel un fugitif furtif, il se glisse en coulisse, le pas longuet et l’oreille aux aguets. Saltimbanque dans l’âme, il est l’heureux captif d’un monde festif où il fera carrière dans la lumière. Il contemple la piste, où il joue parfois les lampistes, cette arène sereine de sciure et de sueur où les paillettes virevoltent et les paillasses se révoltent. sous des myriades de pléiades.
  Assis sur l’une de ces malles qu’on déballe à l’huis du jour et qu’on remballe après la mi-nuit, il rêve les yeux grands ouverts sur son univers - artiste clarinettiste, acrobate automate, pantin pantelant ou lutin mutin,… Et s’il est clown d’un jour, il restera enfant pour toujours nous emmiellant le cœur et l’âme, nous faisant frissonner ou nous charmant le temps d’un instant d’éternité retrouvé.

mercredi 12 octobre 2011

AIGRE MARINE (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005 - Collection particulière)


AIGRE  MARINE

Au milieu des clameurs, des cris et des rumeurs,
Mon âme de rimeur remue sa mâle humeur :
 Comme la mer prisonnière d’un coquillage,
En moi, les mots, les mois, les maux, l’émoi voyagent,
Roulent à fond de cale et puis s’envolent volages
Vers d’autres rivages, des chimères sans âge,…

L’écume secouée, se meut et puis se meurt
Sur ces chairs échouées, rochers si peu charmeurs…
Bateau désemparé condamné au mouillage,
Ensablé à jamais par l’éternel étiage,
Seule l’encre jetée m’offre un frêle sillage,
Des rêves d’horizon, mais sans appareillage…

lundi 10 octobre 2011

HIER AU SOIR (Acrylique sur bois, 22x15 cm, 2000)


HIER  AU  SOIR…
Cycle toulousain

Brique rose et tuiles rouges
Ont perdu tout leur éclat
Dans l’air lourd où rien ne bouge
Que le passant suant et las,
Sous ce ciel de suie si bas
Que sa seule vue vous abat…
Quittant son bureau, sa boîte,
La foule file à son train,
Pour son auto coite et moite.
Oui, le rire a moins d’entrain
Quand l’orage, ici, menace :
On le sait fourbe et tenace !
Devenue plus fière et froide,
Garonne roule galets,
Cogne et rogne les pieds roides
Des pont, sur elle affalés ;
Quiète et tiède de coutume
Elle écume, elle s’embrume…
Le ciel pègue au sol et pèse.
Le tonnerre est dans le ton
De voix soudain mal à l’aise,
D’ans l’averse de jurons,…
Une goutte,… et deux… puis trois
Desserrent l’étau étroit.
Déchirant leurs oripeaux,
Les nues nous lavent la ville
Qu’a les nerfs à fleur de peau,
Tambourinent, inciviles,
Mais j’ai le soleil au cœur
Quand les cieux pleurent en chœur !
L’éclair, trop clair, aveuglant
Ne vient pas. La pluie, seule,
Tombe en trombe et va, cinglant
Canal et canés ; puis gueule
La rumeur qui roule aquo,
Se déroulant en échos…
Brique rose et tuiles rouges
Ont retrouvé leur éclat
Dans les rues où rien ne bouge
Que des impers pressés, là,
Ou des parapluies, ici,
Sous ce grain-ci qui grossit…

samedi 8 octobre 2011

SUR LE PONTON (Dessin à l'encre, 10,5x16,5 cm, 2005)


SUR  LE  PONTON

Tout contre un horizon plat d’océan gris,
Sous un ciel bas aux goélands aigris,
Trois naïades, les châsses chasseresses,
Admirent de trois surfers les prouesses :
Eux, ils se déchaînent sur les rouleaux
Pour épater un peu ce populo
De bikinis en transit et en transe
Devant tant d’adresse et tant d’assurance…

C’est pour cela qu’ils sont ici, en rallye,
Et qu’ils s’enchaînent encore au roulis
Car, ce soir, ils auront de ces drôlesses
Les libéralités et les largesses…