mercredi 30 mars 2011

AMOURS OCÉANES (Pastel à l'huile, 21x15 cm, 2005)

AMOURS  OCÉANES

La marée montante m’offre amère rumeur
Et la marée mourante, une éphémère humeur…

 Sous la sueur des cieux, sur le satin du sable
Qu’il lèche, l’océan, soupirant inlassable
Aux pudeurs d’écume, couche, sur une plage
Prude que caresse - chaud et serein - un souffle,
Son envie de l’aimer en tout heur, à toute heure.

De ses saveurs salées, sensuel, il essouffle
La vertu obstinée de la grève sauvage
Qui, lasse, se laisse submerger, quelques heures,
Par les marées qui offrent aux embruns inlassables
La morsure du sel aux blessures du sable…

La marée montante m’offre amère rumeur
Et la marée mourante, une éphémère humeur…

 Sous la lueur des cieux, sur le giron du sable
Qui sèche, l’océan, cet amant inlassable
Aux affronts d’écume, s’échoue, sur une plage
Pure que câline - tendre et tactile - un souffle ;
Il s’en vient pour l’aimer sans un heurt, à cette heure.

De ses sueurs salées, lascif, il essouffle
Le refus obstiné de la grève sauvage
Qui se laisse couvrir, de guerre lasse, à l’heure
Où flux et reflux donnent, en embruns inlassables,
La froissure du sel aux fissures du sable…

La marée montante m’offre amère rumeur
Et la marée mourante, une éphémère humeur…

lundi 28 mars 2011

FÊTE FORAINE : LA GRANDE ATTRACTION (Acrylique sur bois, 45x41 cm, 2002)


FÊTE  FORAINE  :  LA  GRANDE  ATTRACTION

 « Adieu tristesse bonjour l’ivresse
Oui vous les vrais amateurs d’action
C’est ici qu’est la grande attraction
La bonne adresse pour quelques pièces 
Pour un soir seul’ment dans votr’ région
Venez testez vos nerfs votre hardiesse
On file les jetons à la Légion
Roulez Jeunesse tremblez Vieillesse

Pas de faiblesse que de la liesse
Toujours plus fort pour le grand frisson
Toujours plus haut pour les polissons
Serrez les fesses fous de vitesse
Vous aurez le cœur dans le cal’çon
Marche arrière express mieux qu’à Lutèce
Pour les peureux i’rest’ les buissons
Roulez Jeunesse tremblez Vieillesse »

samedi 26 mars 2011

PANNE DES SENS (Acrylique sur bois, 15x22 cm, 2000)

PANNE  DES  SENS

 Sous ton empire
L’air alourdi ronronne,
La nuit expire.
Dehors, la rue ronchonne :
Le jour transpire
Depuis une heure
Et le ciel pleure
Perle, s’égoutte,
Cisèle, sculpte et ride
De mille gouttes
Des yeux pluvieux ou vides ;
Les nues dégouttent,
Noyant des rires,
Ardant des ires.
La ville fume
Sous la pluie traversière.
Robe de brume
Pour l’ondée tracassière,
Ourlée d’écume,
Qui lèche-vitrines,
Bruit et crachine.
Dans notre chambre,
Où le jour tue les ombres
De reflets d’ambre,
À nouveau mes sens sombrent
Quand tu te cambres…
Et l’eau rigole
Et dégringole…
Ça chute et darde,
Le caniveau rend gorge ;
Ça hallebarde,
Rues et ruisseaux dégorgent…
Bruine et bombardes
Trempent et rincent
 Manants et princes
Qui s’effarouchent :
Au passage, l’orage 
S’épanche et douche,
Pas sage, dans sa rage,
Burnous, babouches…
L’humeur humide
Des cieux numides !
Le grain agresse.
Il abreuve l’asphalte
Jusqu’à l’ivresse.
Quatre ou deux roues sulfatent.
Larmoient en liesse
Des pépins flasques.
Il pleut des flaques.
C’est un déluge
Qui, dès lors, se déclenche ;
Point de refuge
Quand les nues avalanchent
Jusqu’au grabuge…
Pluie cristalline,
Sauce argentine.
Il pleut des mares.
Mon corps, encor’ navire,
S’abîme au tintamarre…
L’accord accort chavire.
L’âme à l’amarre,
Le cœur en grève
S’échoue… La trêve ?
Soupe servile,
L’averse verse à vide,
Lave la ville
Et se déverse, avide,
En trombes viles…
Laissons là l’ire
À son délire !

jeudi 24 mars 2011

BUBULLE (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)


BUBULLE*

Seul dans sa bulle, le clown déambule,
L’œil songeur, avec au nez une boule.
L’autre le bouscule quand il déboule,
Lui avance d’un pas de somnambule ;
Les yeux clos sur ses rêves, il affabule,
Il conciliabule ou tintinnabule,
Alors que tout s’écroule ou bien s’éboule
Autour de lui. Le public noctambule
En oublie qu’il a mal aux mandibules
Et que, plus que lui, le monde est maboule…

Coinçant la bulle, le clown déambule,
Paupière basse, il jongle avec trois boules.
Soudain, sans préambule, il tourneboule.
Et avance d’un pas de funambule ;
Bouche bée, comme lui, on baye aux bulles,
Nées d’un tube long comme un vestibule.
On rêve… Et un brouhaha le blackboule,
Ses bulles, soudain, se démantibulent
Com’ piquées au vif par quelque fibule
En gerbes irisées de petites boules…

* Ce titre & ce texte ont été réutilisés pour une "boîte" qui a déjà été présentée ici.

mardi 22 mars 2011

MERVEILL'YEUX (Acrylique sur toile, 41x33 cm, 2006)


MERVEILL’YEUX

Deux amandes au brun fruit s’interrogent et me fuient.
L’éclat vif d’une braise  y inscrit le malaise,
Ordonne que je me taise. Mes mots déplaisent.
Puis un cil de suie essuie une larme enfuie.

J’ai bu, sans bruit, ce regard où la lune luit ;
Devenue glaise, sa flamme m’oublie, me lèse.
Au feu de sa fournais’ je brûlais mal à l’aise, 
Et je fonds, détruit, à l’eau âcre de sa pluie.

 Tes paupières, ces ailes à la noire dentelle
Si frêle, étreignent et puis éteignent, criminelles, 
Le miel mordoré de ces joyaux égarés.

Car tes yeux ne sont plus qu’ombres à la fièvre sombre,
Et mon cœur s’encombre d’une hostile pénombre
Dont ces ciels adorés sont désormais parés. 

dimanche 20 mars 2011

DANS LA JEUNESSE DE LA GENÈSE (Acrylique sur bois, 90x82 cm, 2007)

DANS  LA  JEUNESSE  DE  LA  GENÈSE
Petite fable affable

Et au commencement,
Dieu fit les éléments  :
Astre d’or,
Eau d’azur, terre rouge.
Puis l’expert de la gouge, 
Seul, s’endort
Pleinement satisfait
De tout ce qu’il a fait.
Il manquait des accords
Au primaire décor :
Tout n’était que lumière,
Blanche et drue.
Cette lueur première,
Incongrue,
Brûlait sable et poussière,
La terre nourricière.
Un des traits du soleil,
Rai de miel sans pareil,
Plongeant au cœur de l’onde,
S’y maria.
Et, ainsi, vint au monde
Un aria
De verts que notre étoile
Sème en l’auguste toile.
Lors du divin sommeil,
Un autre rai vermeil
Épousa Dame Terre
Qui donna,
Pour ses nouveaux parterres,
Le grenat,
L’orangé qui soulignent
Ou qui ponctuent ses lignes.
Paré de ces couleurs
Soulageant ses douleurs,
Le monde vagabonde,
Boit l’ondée,
En poursuivant sa ronde,
Inondé
Par la vie généreuse
D’une saison ocreuse.
Mais le providentiel
Grand incendie du ciel
Terrasse notre Terre ;
Quant à l’eau
Il l’embrase et l’enterre.
Au galop,
Vole un voile écarlate,
Grains de poussière mate.
Ces carmins résidus
 En rideau, suspendus
Au baiser de la brise,
L’horizon
Tout d’indigo irisent ;
Des tisons
Violines s’allument
Aux nuages de brume.
Puis, lasses et désœuvrées,
Les couleurs enfiévrées
À l’unisson s’unirent ;
Lors, la nuit
Et ses ombres naquirent…
Et s’enfuit
La si blanche lumière,
Pour une fois première.
La fraîcheur de ce soir
Éveille sans surseoir,
Le Très Haut qui sursaute,
Fort surpris :
Ce noir, à qui la faute ?
Bel Esprit,
Il lève, sans encombre
Le rideau de pénombre.
S’éveillent les couleurs,
Allumant l’air, les fleurs,
Enluminant la terre.
Ébaudi
Face à cette Cythère,
- Paradis
D’or, d’encens et de myrrhe -
Dieu, tout sourire, admire.
Et, du bout de son doigt
- Céleste, s’il se doit -
Mit les couleurs en harpe
Dans le ciel.
Ébauchant cette écharpe,
L’Essentiel
Dit : « Que la Terre est belle
Aux couleurs de Cybèle ! »