mardi 30 octobre 2012

DANS L'EAU DE L'AUBE (Acrylique sur bois, 22x15 cm, 2000)

 
DANS  L’EAU  DE  L’AUBE
Cycle pyrénéen
Jusque dans ses recoins les plus noirs, les plus sombres,
Doublure d’étoiles et col d’aurore écrue,
La nuit réduit peu à peu ses voiles, vaincue,
Délaçant, sans plus se lasser, sa cape d’ombres.
Le lac lape la lumière du levant, crue
Et nue, qui mourra sans avoir vraiment vécu.
Prise dans la valse des vents de la pénombre.
La rosée des rêves ensemence, recrue,
Les brumes du réveil du rougeoyant écu
Qui forgera, sans hâte, au four du jour, bon nombre
D’heures heureuses, mais aussi de doulours crues,
Que le temps, qui passe comme vent, évacue.
À cette heure, sur le calice de cent fleurs,
Grain à grain, des perles de pluie  perdues s’égouttent.
Tombés des nues dès lors dévêtues, tous ces pleurs
Abreuvent l’horizon des rimeurs sans valeur.
Las, dans la poussée du jour, moi aussi je goûte
Aux fleuves d’effluves nés d’un jour sans chaleur
Quand, le rose au joues, les larmes de Nyx s’ajoutent
Aux rus où le roseau joue, le plumet trembleur.

dimanche 28 octobre 2012

SÉPARATION (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)


SÉPARATION

C’était une inconnue,
Loin d’être une ingénue,
- La proue éperonnante,
La poupe chavirante ! -
Cherchant un inconnu,
Charmant et bienvenu,
Les lèvres entreprenantes,
Et les mains conquérantes…

Oui à l’été venu,
Aux amours convenues,
Brèves, elle s’abandonne :
Celui qui bien bourdonne,
Pas charnu ni chenu,
Sera, sûr, retenu
Pourvu qu’il lui fredonne
 Qu’elle est une madone…

Il se sont reconnus,
Se sont appartenus,
- La garce qu’on oppresse,
Ce garçon qui se presse -
Ivres de mots menus
Et fous d’instants ténus,
Caresses et allégresse,
Sans guère de tendresse.

Les larmes saugrenues
Séchées aux souffles nus,
Face aux lames, on s’acquitte
D’adieux qu’on précipite.
Émotion contenue
Sur le sable grenu,
À l’heure où l’on se quitte,
Le cœur enfin palpite…

vendredi 26 octobre 2012

L'OISEAU EN CAGE (Pastel à l'huile, 24x31 cm, 2005)

L’OISEAU  EN  CAGE

Sa plume prend la prose
Ou bien elle compose
D’étranges passeroses
Sans la moindre ankylose 
Des vers gris des vers roses
Selon l’humeur sa dose
De peurs de sinistrose
Bref elle s’impose
S’oppose s’interpose
Du moins je le suppose
Sa plume prend la prose
Elle se lance elle ose
Et dispose et dépose
Des machins et des choses
Espère le grandiose
Et comme sous hypnose
Elle cause elle glose
Propose ou indispose
Sans pause ni sclérose
Du moins je le suppose
Sa plume prend la prose
Badine ou bien morose
Elle rit elle arrose
Jusqu’aux portes forcloses
Elle explose elle s’expose
Et mord ou ecchymose
Les psychoses la gnose
Puis jongle en virtuose
Cherchant l’apothéose
Du moins elle suppose

mercredi 24 octobre 2012

LA LUEUR DU TUEUR (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2006)

LA  LUEUR  DU  TUEUR

Venu du fond des âges,
Des flammes de l’Enfer,
Un diable, un Lucifer
Au masque de fer
Étouffe le village.
Les feux de sa fureur
Font régner la terreur
Et glacent d’une horreur
Que le jour, seul, soulage.

lundi 22 octobre 2012

DANS LA MASSE DU MASSIF (Acrylique sur bois, dimensions à mentionner, 2005)


DANS  LA  MASSE  DU  MASSIF
Cycle pyrénéen

Mer minérale aux crêtes écumantes
Qui roule jusqu’aux plaines à galets
La chaîne qui s’est tant étalée
Déchaîne ses vagues fumantes
Abandonnées à la frondaison
Pour noyer les hameaux et les hommes
Oubliés par le Temps qui assomme
Au flux et au reflux des saisons.

samedi 20 octobre 2012

SUICIDE (Acrylique & collages sur toile, 41x33 cm, 2008)

SUICIDE

Ma cité s’est ouvert le ventre
Elle voulait avoir un centre
Une vitrine aseptisée
De boutiques spécialisées
Tout au long de rues piétonnières
Sans gueux ni vieux sans ornières
Avec apparts et lofts meublés
Pour privilégiés pleins de blé
Qui font battre dans ses artères
Un sang neuf mais bien plus austère
La cité chère à mes aïeux
S’est fermée à jamais les yeux
Certes elle avait vendu son âme
Sans que personne ne l’en blâme
Elle a rénové son vieux cœur
Qui ne bat plus avec le chœur
Du peuple qui hantait l’église
Et, désormais seul, s’enlise
Perdant sa tête et ses esprits
Sans que personne n’ait compris
Ma cité s’est ouvert le ventre
Elle voulait avoir un centre

jeudi 18 octobre 2012

LA DORMEUSE DU VAL (Pastel à l'huile, 15x21 cm, 2005)

LA  DORMEUSE  DU  VAL
Cycle pyrénéen

Sur le gazon uni du vallon reverdi
Elle est venue s’étendre et reposer ses rêves.
Elle s’offre au ciel de lit d’un bel après-midi,
Papillon alangui, l’espace d’une trêve.
Elle est venue s’étendre et reposer ses rêves,
Et puis son ventre tendre à ces souffles attiédis.
Papillon alangui, l’espace d’une trêve
Elle songe  au paradis, les idées engourdies.
Et puis son ventre, tendre à ces souffles attiédis,
S’abandonne à ces senteurs que l’été caresse.
Elle songe au paradis, les idées engourdies,
Dans ce bel Éden dont, rêveuse, elle est l’hôtesse.
S’abandonne, à ces senteurs que l’été caresse,
Cette fleur qui va apprendre à mon cœur hardi,
Dans ce bel Éden dont, rêveuse, elle est l’hôtesse,
De ses charmes exquis les accents inédits.

mardi 16 octobre 2012

LA SPIRALE DU QUOTIDIEN (Construction, 22,5x17x17 cm, 2008)

LA  SPIRALE  DU  QUOTIDIEN

Mes jours et mes nuits déroulent leur course
Depuis l’aurore où ils puisent leur source
 Jusqu’à l’océan obscur du néant
Qui avale à l’envi même l’envie.
Ils suivent une spire qui m’aspire
Sans qu’une seconde je ne respire,
Ne me pose au bord du vide béant
Que creuse la trotteuse poursuivie.
C’est ce qu’on appelle, ici-bas, la vie.
Mes jours et mes nuits pirouettent et filent,
Derviches d’un cercle vicié, défilent
Comme se dévide un film d’antan
Laissant quelque souvenir qui survit ;
Ellipse ou éclipse, les heures glissent
De moments aux minutes qui dévissent
Sur la chaîne aux anneaux brisés du temps
En mille instants qui m’ont été ravis.
C’est ce qu’on appelle, ici-bas, la vie.

dimanche 14 octobre 2012

LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR (Poupée en boîte, 30,5x38x7 cm, 2008)

LA  MARIÉE  ÉTAIT  EN  NOIR 

Le noir n’est jamais aussi noir
Quand il veut habiller le soir
De noces d’une jolie brune
Revêtue de moire irisée
Qui, marrie, épouse à la brune
Sous l’éclat de miroirs brisés
La peau hâlée aux reflets sombres
D’une nuit qui s’est peuplée d’ombres…

Le noir n’est jamais aussi noir
Quand il veut habiller le soir
Qui, en halos blancs et bleus, tombe
Sur la cérémonie nocturne
Dont les lumières d’outre-tombe
Luisent ou chatoient, taciturnes,
Et règnent, brillant crépuscule,
 Dans l’obscurité qui recule…

Le noir n’est jamais aussi noir
Quand il veut habiller le soir
Qui fête l’union des ténèbres
Et de l’amour en un soufflet
Bien plus gothique que funèbre
Qui étincelle de reflets
Dans ce sépulcre si soyeux
Scintillant de joyaux joyeux…

vendredi 12 octobre 2012

LES YEUX DU PEINTRE (Acrylique sur bois, 16,5x10,5 cm, 2002 - Collection particulière)

LES  YEUX  DU  PEINTRE

Alors que le temps las est là et tout défait,
Se retourner un peu sur ce que l’on a fait,
Inspiré par Dieu sait quoi, peut-être les Muses ;
Se retourner un peu sur ce  qu’on a été
L’espace d’un instant, sans doute un soir d’été,
Sur ce que l’on construit quand tant d’autres s’amusent,
Négligent, oublient, s’en moquent sans nuancer,
Sur ce que l’on a rêvé, souhaité ou pensé,
La conscience jouant un air de cornemuse…

À l’heure volage où le soleil s’offre en rais,
Se retourner un peu sur ce qui torturait,
Qu’une forme, qu’un ton incidemment dévoile ;
Se retourner un peu sur ces petits secrets
Qu’on est seuls à savoir et à voir, là, ancrés
Pour toujours au grand jour, sur quelque coin de toile
Et voyager dans ces instants endommagés,
Dans le fugitif d’un passé qu’on a figé,
Cette lueur tombée un beau soir des étoiles.

Sans envie ni raison, pour un non, pour un oui,
Se retourner sur un moment qu’on a enfoui,
Un sentiment peut-être inavoué qui sème
Questions et dilemmes en couleurs malaxées ;
Se retourner sur ce qu’enfin on a fixé
Et se retrouver seul, encor, face à soi-même
Quand le badaud cherche partout l’universel
Dans un ressenti et un parcours personnels
Faits d’insuffisances et de désaveux même…

Oser échapper aux poncifs, aux postulats,
Se retourner sur ses œuvres exposant, là,
Des craintes  fugaces ou quelque peur tenaces 
Des idées, des moments à tout jamais enfuis
Des fragilités, des lâchetés que l’on fuit
Se regarder vraiment quand tant d’autres finassent
Et se retrouver face à ce que l’on a fait
À ce qu’un jour l’on fut, de gauche et d’imparfait,
Et que l’on est resté car rien ne vous cuirasse…