mardi 30 août 2011

DÉMÉNAGER DU MANÈGE (Construction, 22x22x35 cm, 2009)

DÉMÉNAGER DU  MANÈGE

Nous allons, courant dans la ronde du monde,
L’âme et le cœur aux prises, désemparés,
Avec ces heures que le Temps vide, émonde,
D’obligations en interdits, sans arrêt.

L’âme et le cœur aux prises, désemparés,
Entre le “c’est permis” et tous “les possibles” ;
D’obligations en interdits, sans arrêt,
Nos jours ne s’autorisent que l’Accessible.

Entre le “c’est permis” et tous “les possibles”,
Nos destins tournent en rond comme en prison.
Nos jours ne s’autorisent que l’Accessible,
Coincés entre rêves, passions et Raison.

Nos destins tournent en rond comme en prison,
Nous allons, courant dans la ronde du monde,
D’obligations en interdits, sans arrêt,
Avec ces heures que le Temps vide, émonde…

dimanche 28 août 2011

LUBUMBASHI (Acrylique sur toile, 73x60 cm, 2008)


LUBUMBASHI


Bois de briques, forêt de cheminées
Ma ville n’est qu’une vaste fabrique
Qui boit ces richesses acheminées
Depuis nos terres qu’a parcheminées
Le soleil impitoyable d’Afrique.

Autour de tours, se sont agglutinées
Les courées où nous sommes confinés.
Non loin, la forêt, par coulées, s’imbrique
Au bois de briques.

Le règne de l’usine a dominé
Notre Katanga, a déraciné
Tous ceux venus écrire la rubrique
D’un développement fuyant, lubrique,
Le bois de briques…

vendredi 26 août 2011

FÊTE FORAINE : DOUCEURS SUCRÉES (Acrylique sur bois, 28x26 cm, 2006)

FÊTE  FORAINE  :  DOUCEURS  SUCRÉES

Sous les lampions et les guirlandes,
On vaque seul, en couple, en bande,
Goûtant la saveur, dans un ri,
Parmi des bruits, les “pan”, les cris,
Des churros, des gaufres, des crêpes
De notre enfance pour trois nèpes,
Suçant les saveurs plus glamours
Du pop corn, des pommes d’amour
Ou humant l’odeur désuette
Des chouchous, des cacahuètes,…
Parmi des bruits, les “pan”, les cris
Dans cette nuit désassombrie
On vient en famille ou en bande
Sous les lampions et les guirlandes…

mercredi 24 août 2011

FOULARDS À FLEUR DE FLOTS (Acrylique sur bois, 122x108 cm, 1993)

FOULARDS  À  FLEUR  DE  FLOTS

     Aux frimas frissonnants, tel un menu fretin se faufilant ou un fétu futile et fuyant, flottent des foulards à fleur de flots, fresque infinie de frusques flétries de couleur flambée en frise, flaquée foisonnante, flamboyante et affolée sans flanelle filée farfelue. Fabuleuse féérie que ce faix défait ou ce fatras fastueux bons à fagoter une fanchon fanée et fauchée.
Je suis fasciné par ces fibres feutrées et fourmillantes ; frivolités facétieuses venues se fourvoyer, ici, en foule, que ces affaires qui frissonnent sans fin, sans faillir ni défaillir au fil d’un liquide floué de n’être, quoique fougueux, jamais fâché ni furieux, faute de fiel. Que font là, affichées sans façon, ces falbalas folichons, fanfreluches flatteuses ou fripes fringantes ?
Fi et foin de questions, fat, je me fous à l’eau - et pas au figuré - pour fourrager furtivement ce fourbi froissé et frondeur. Sous les colifichets, fichus fangeux, fâcheuse affaire, j’effleure un corps aux flancs efflanqués, enfoui, qui au fluide froidi affleure, s’enfuit et s’enfonce… Flûte et fichtre, fourbe et falote fortune, quel forfait fantasque et fugace as-tu perpétré pour que se faufilent jusqu’à moi, sur les flots flous, ces foulards fous ?!

lundi 22 août 2011

DÉBAT AU BAS DE BABEL (Construction, 20x20x100 cm, 2011)


DÉBAT  AU  BAS  DE  BABEL   

Les Hommes d’Antan ont été présomptueux
Pour aller déloger un Dieu impétueux
Il érigèrent une tour haute à Babylone
Pour atteindre de leur sol sec les cieux ocieux.
Le Très Haut, plutôt que la peste ou un cyclone,
Leur envoie les langues. C’était choix judicieux
Pour qui ne voulait que coupoles et colonnes.
Ne se comprenant plus, ses indignes enfants
Cessent l’érection de ce bel édifice
Pourtant sacrilège, de cet ébouriffant
Ouvrage d’impiété, sans plus de bénéfice.
Ces Hommes-là furent fort irrespectueux,
Dieu devint, dès lors, pour les leurs, tempétueux !

Tutoyer l’Olympe ou les nuages célestes
Fût le fil conducteur de toute notre geste…

Leur Dieu devenant plus lointain et plus hautain
Sacristains, Puritains et mieux, Samaritains,
Inventèrent alors cent cultes et milles rites,
En un mot comme en cent, toutes les religions
Diviser l’Unique en lois gravées, inscrites
Aux bornes de régions, au marbre de légions.
Ô dieu odieux tu ne compris plus tes enfants
Qui ne te comprenaient pas plus, ma foi, de temples
En guerres, faits en Ton nom pour chacun précieux.
Que de sang versé, de brûlés en robes amples,…
Ce, pour Ta seule gloire,… et aux plus audacieux
D’incessants procès, de punitions pour l’exemple.
Les Hommes d’Hier ont été présomptueux
Pour aller déloger un Dieu impétueux !

Rudoyer l’Olympe et les nuages célestes
Est le fil éternel qui nuit à notre geste…

samedi 20 août 2011

MASQUE SONORE (Acrylique sur papier, 21x15 cm, 2006)


MASQUE  SONORE

Oui, il est là
Pour quelque rixe,
Le regard fixe,
Dans la favela.

Le revoilà
L’humeur qui bisque
A capela.
Dis-toi cela
En astérisque :
 Qui le héla
A pris des risques !
Quand il est las,
Lui, il confisque
Au coutelas
Âme et vie, puisque
Pas de bla-bla,
Mêm’ pour les nixes,
Avec çuilà !

Or il est là !…
Que je t’explique :
Pour qui le fixe
Sonne aussi glas !

jeudi 18 août 2011

LES TROIS FRÈRES (Triptyque, acrylique sur papier,3x (21x153 cm), 2006)


LES  TROIS  FRÈRES

Nous étions frères, la futaie pour mère.
Ayant pour famille notre forêt
Et des racines fières et prospères,
Nous poussions sans arrêt ni regret.

Le premier était un chêne discret,
Au sol bien ancré, la sève sévère
La ramée protectrice, sans apprêt.
Nous étions frères, la futaie pour mère.
Le second était un tremble aimant les chimères,
Se rêvant le dieu des bois et guérets,
Branches cassantes et feuilles éphémères,
Ayant pour famille notre forêt.

Le troisième était un bouleau bien propret,
Fin comme un fleuret et vivant pépère ;
Il avait du cœur, le goût du secret,
Et des racines fières et prospères.

Avec Tremble refusant d’être austère
Qui se voulait fûté comme un furet
Et Bouleau devenu de fort haut crêt,
Nous poussions sans arrêt ni regret.

Aujourd’hui, la forêt n’est que fourrés,
La futaie craint de mordre la poussière,
Et bien des sentiers nous ont séparé.
Solitaire et vieux me reste un repère :
Nous étions frères…

mardi 16 août 2011

FESTIVAL ESTIVAL (Dessin à l'encre, 16,5x10,5 cm, 2006)


FESTIVAL  ESTIVAL
Cycle pyrénéen

Nous, dans notre petit val,
Perdu même sur la carte,
N’était notre festival,
 - Folklore de carnaval -
Que l’on dit, sur les pancartes,
Faussement né médiéval,
Point de touriste estival…

Mais ce n’est pas de la tarte
Pour que les gens de l’aval,
Sous notre porche ogival,
Viennent en foule et s’encartent
Au commerce sans rival.
Nous, dans notre petit val,
On s’mouille pour que « ça farte » !

dimanche 14 août 2011

BOUQUET FINAL (Aquarelle & collages, 29x22 cm, 2008 - Collection particulière)


BOUQUET FINAL

Je n’aime pas les fleurs,
Ni ce qu’on peint comme on pleure.
Mais, pour mon malheur,
On me commanda, sur l’heure,
Un bouquet d’ampleur.
Je l’ai fait, pour la gageure.
V’là mes seules fleurs…
Je veux qu’elles le demeurent !

vendredi 12 août 2011

CHRONIQUE D'UN QUARTIER (Acrylique sur toile, 32x27 cm, 2007)

CHRONIQUE  D'UN  QUARTIER
Cycle toulousain


Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Avait bottiers, savetiers,
Boutiquiers, cabaretiers,
Un facteur de coquetiers,
Un commerce de gantier
Et un de passementier
À côté d’un gargotier
Sans portier et sans liftier,…
Ce quartier, aux rues-sentiers,
Ne vivait pas à moitié
Avec tous ses petits métiers.
Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Au bon temps des canotiers
Des jupes et des bustiers,
Sillonné de muletiers,
N’était pas ce grand chantier
Qui n’accueille que rentiers
Ou banquiers banqueroutiers,
Bijoutiers griffés Cartier
Et argentiers cachottiers
Ne rêvant qu’aux cocotiers
D’îles aux climats entiers.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Quand jadis vous le chantiez
Ma foi, comptait un luthier,
Un menuisier-miroitier,
Un sculpteur de bénitier
Jurant comme un charretier,
Non loin du vieux grainetier
Et des gâcheurs de mortier
Qui, dès l’heure du laitier,
Causaient avec le potier,
Le corsetier-culottier.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Est, aujourd’hui, sans postier
Et sans lustreur de boîtiers.
Il n’a plus de cafetier,
Ni d’artisan-bonnetier,…
Il abrite courtiers,
Échotier et gazetiers,
Tous des fils, des héritiers,
Autant de gâte-métiers,
De flibustiers sans pitié,
Volontiers boursicotiers.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Avant l’âge du dentier,
N’était pas aussi altier
Et moins encor’ chipotier ;
Sentant suif, arbre fruitier
Et sueur du p’tit puisatier,
Y criaient un pelletier
Et son putain de ratier,
Le primeur, un bouquetier,
Y chantaient le ferblantier,
Et l’enclume du cloutier.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Compte encore un panetier
Qui cuit - c’est ça, son métier ! -
Un grossiste papetier,
Deux paires de lunetiers, 
Plus un vrai chocolatier,
L’épicier fin-charcutier,
L’automate-guichetier,…
Oui, ce quartier tout entier
Vit, désormais, à moitié
Sans tous ces petits métiers. 

mercredi 10 août 2011

AH, LE VIN ! (Acrylique sur toile, 55x46 cm, 2009)

AH,  LE  VIN  !

N’en déplaise à Calvin
Et autres devins
Comme à nos échevins
Si prompts aux pots-de-vin,
Sans paraître chauvin,
Oui, rien ne vaut le vin !
Partout, on en convint :
Quand sonne midi vingt
Comment un Poitevin
Se convie, se convainc ?...
Pas avec l’octavin
Mais avec un bon vin !
L’ivresse est un ravin,
Mais ce nectar divin
La solitude vainc ;
 Bien mieux que brandevin,
C’est un baume nervin
Et alvin que le vin !
 Poètes, écrivains
Ne l’on pas dit en vain,
Le meilleur des levains,
Chez nous comme à Provins
Ou chez les Angevins,
Reste, ma foi, le vin !