jeudi 28 février 2013

EN ROUTE POUR… LAHORE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  LAHORE

Là-haut, sur les toits de Lahore,

J’admire la ville qui dort
Encore et que l’aurore dore.
Des coffres-forts de nos cadors
Aux bidonvilles des abords
Elle s’éveille.
Bientôt passeront chats, tchadors,
Barbus qui veillent,…

Là-haut, sur les toits de Lahore,

Je devine les corridors
Des palais pleins de vin, d’amphores,…
Interdits aux gens du dehors,
Gens comme moi nés pour l’effort,
La faim et les veilles,
La rigueur du Coran, l’inconfort,…
Et qu’on surveille.

Le jour se lève, obscur renfort

En cataphore,
Aux fous qui en ont fait un fort,
Là, sur Lahore.

mardi 26 février 2013

LE JARDIN RÉSUMANT LE MONDE (Construction, dimensions à mentionner, 2012)


LE   JARDIN  RÉSUMANT  LE   MONDE

C’est un vrai jardin organisé :

Des rangées de bosquets alignés,
De long parterres normalisés,…
Tout est calculé ou arrangé
Dans la pure tradition française
D’ordonner la nature et la glaise.

C’est un carré bien harmonisé :

Tache agencée, touche aménagée,
Lignes composées, lieux disposés,
Mare ajusté, au puits combinée,
Dans la grande tradition anglaise
D’adapter la nature et la glaise

C’est un espace coordonné :

Gravier ratissé, ombre portée,
Tout est planifié, accommodé,
Que ce soit bosselé, nivelé,…
Dans cette tradition japonaise
D’amender la nature et la glaise.

dimanche 24 février 2013

EN ROUTE POUR… LES RUES DE METROPOLIS (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… LES RUES DE METROPOLIS

Pluies acides et cieux ranci,

Metropolis se meurt. Ma ville,
Sombre d’ombres nous tue aussi,
Nous ses employés serviles,
Nous ses habitants aux vies viles.
Quel beau séjour,
Que nos vies aux noirs bidonvilles,
Aux gris faubourgs !

Nuées de gaz, de crasse aussi,

Metropolis fait peur. Ma ville,
Toute en nombre, nous tue, nous scie.
Robots anonymes, débiles
À forc’ d’être sages, mobiles,
Jour après jour,
Pour le plaisir du centre-ville.
De ses tambours.

On est tous condamnés, nubiles,

Sans moindre ajour,
À la peine ou à la sébile,
Au compte à r’bours.

vendredi 22 février 2013

EN ROUTE POUR… LES HAUTEURS DE METROPOLIS (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… LES  HAUTEURS  DE METROPOLIS

Pour atténuer nos soucis

Metropolis se meut. Ma ville
Vit et elle évolue aussi,
Dans cette ordonnance civile
Nous protégeant des bêtes viles :
Nous au séjour,
Elles, abruties et serviles,
À leur labour.

Notre loi, notre poste assis,

Metropolis les veut. Ma ville,
À son échelle, a rétréci
L’humain à un outil utile,
Au nécessaire, au mercantile,…
Pour que, toujours,
Règne ici-bas le centre-ville
Et son tambour.

D’en haut, nous en seigneurs habiles,

Voyons le jour,
Saignons, pour vivre, les débiles,
L’ventre en rembours.

mercredi 20 février 2013

INDONÉSIAN WALK (carte postale, 10,5x21, 2013) - Collection personnelle


INDONESIAN  WALK

Mouillés par nos sueurs, tous les champs voient pousser
Des tours éclaboussées de soleil. Leurs rumeurs
s’élèveront sans peur, pauvreté repoussée
Jusqu’au ciel mal troussé, jusq’aux dieux pinailleurs

Front las et dos voussé,
On bâtit, travailleurs,
Sans même frimousser,
Un rêve enfin rieur…

Le riz et son labeur, seriez-vous courroucé,
C’est fini. Émoussé, ce passé sans saveur ;
On se fait orpailleurs de progrès, sans rousser,
Les manches retroussées, nos propres fossoyeurs.

On doit tout débrousser,
Demain est grains pour l’heur.
On pourra tous gousser,…
Comme partout ailleurs…

On doit tout débrousser : l’avenir est en fleurs !
Demain est grains pour l’heur, sans gloser ni glousser,
On pourra tous gousser, après le prix des pleurs,
Comme partout ailleurs et nous faire mousser.

Le riz et son labeur,
C’est fini. Émoussé.
On se fait orpailleurs,
Les manches retroussées,…

Front las et dos voussé, maçon ou ferrailleur,
On bâtit, travailleurs, sans jamais vernousser
Sans même frimousser, un pays bien meilleur,
Un rêve enfin rieur, sans être détroussés.

Mouillées par nos sueurs,
Des tours éclaboussées
S’élèveront sans peur
Jusqu’au ciel mal troussé…

lundi 18 février 2013

EN ROUTE POUR… UN ARRÊT (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… UN ARRÊT

Le greyhound vient de s’arrêter

Les passagers lassés descendent.
Café pour eux. Pour elles thé.
Voyage jusqu’au bout de la lande
Qui, comme la nuit qui chalande,
N’en finit pas.
Cacatoès blanc, froid d’Islande.
Un coin sympa.

Dans la vitrine, sédatés, 

D’un geste on rajuste houppelande
Col ou chapeau sans vrai doigté.
Mots d’ici mais accent d’Irlande,
Le chauffeur nous montre qu’il glande.
Fin du « repas ».
Les réverbères en guirlande
N’attendent pas.

Le bitume sous la calende,

Se fait lampas,…
Les kilomètres s’achalandent
N’en finiss’ pas

samedi 16 février 2013

EN ROUTE POUR… ESCANECRABE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… ESCANECRABRE

Mais, Escanecrabe, Monsieur
C’est pas un bled, ni même un trou :
C’est un paradis sous les cieux !
Dia, et bé tant pis pour les jaloux.
À Riberichioulet, vous
Verrez la boîte ;
Tournez le dos à Ciadoux.
C’est à main droite 

Ah, Escanecrabe, Monsieur
C’est des vieux dans du vieux !… C’est tout.
Mais du bon vieux, de l’astucieux,
Dans du beau vieux, pas com’ partout.
La campagne d’avant et tout :
Mamies benoîtes,
Anciens à journal, à matou,
Aux mains moites,…

Ici, c’est le calme surtout…
De la ouate :
Pas de fous ni de brise-tout,
De vie qui boite,…

jeudi 14 février 2013

LUNAISON (Construction, dimensions à mentionner, 2012)


LUNAISON


           Je suis dans la lune, mais plutôt une bonne lune. En effet, entre ce disque astral et moi… c’est la lune de miel tant j’ai fait dans ses quartiers, même les plus retirés, de voyages sans os, à l’unisson de missions très spatiales. Et cela sans rien promettre… et surtout sans faire voir la lune en plein midi à quiconque, même poisson ou pigeon de cette race-là.
     Normal, je suis une fusée et, quoique lunatique, sans me voiler, plutôt de bonne composition… pas du genre con comme la lune qui se lève. Je sais que ce sont de vieilles lunes que ces histoires très spatiales et qu’aujourd’hui Mars ou Jupiter, divinités mâles et éloignées ont plus de succès mais mon amie à moi, c’est la lune, qu’elle croissante, ascende ou descende. C’est ma destination phare, mon chemin de choix qui m’offre son plus clair en forme de sourire d’un côté et, parfois, sa face cachée de l’autre… quand elle est mal lunée. Il n’y a, en général, qu’à demander avec des mots compliqués et des phases alambiquées pour la décrocher. Pas besoin d’en venir au fameux coup de pied à la lune… ou devoir montrer la sienne, gibbeuse ou non.
     Rousse et nouvelle, elle ne s’éclipse pas à nos rendez-vous, même quand elle est pleine comme un œuf. Avec elle tout est clarté et luminosité, et sa révolution, à cette rebelle si belle n’est que synodique pas politique. Pas besoin d’aboyer à la lune, de la prendre avec ses dents ou de tomber d’elle pour se poser, douceur sans apesanteur, sur les cratères ou dans le sol des mers de ce satellite tout en cirques comme d’autres sont Toutânkhamon !

mardi 12 février 2013

EN ROUTE POUR… L'ENQUÊTE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE POUR… L’ENQUÊTE

J’suis un privé. L’meilleur d’la ville

Pour retrouver quoi ou bien qui
Échappe aux flics bien moins habiles.
Flasque, flingue, imper kaki
Et clope au bec,… pas de croquis
Je suis votre homme
Pour traquer fric mal acquis,
Tracas, bonhommes,…

Une pépée en pleurs, volubile :

Envolé l’collier de l’husky
En diam’s. Et cogneur son marquis !
J’ai dit oui. Ell’ m’avait conquis.
J’ai r’trouvé les pierr’ sans cookie.
Ell’ m’a fait pomme,
Con com’ un gars du Kentucky,
S’cassant pour Rome :

Les cailloux ont pris le maquis

Et, elle, un homme :
Faudrait pas se fier au whisky
Ni aux bel’ mômes !

dimanche 10 février 2013

EN ROUTE POUR… LE PAYS DE MON ENFANCE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)

EN  ROUTE  POUR…
LE  PAYS  DE  MON  ENFANCE

Des vieux ombrageux, jamais las,
Terrasse ombragée et tonnelle,
De leurs champs jamais pleins ni plats,
Du soleil et des villanelles.
De hannetons en coccinelles,
Un fils de rien
Sera, béret, chique, “opinelle”,
Homme de bien.

La sieste dans l’ombrette, là,
Sous l’ombrelle, Polichinelle,
Bercé de chants que parlan plan
Dans les chauds parfums de cannelle.
Orties, ronces et pimprenelle,
Un temps de chien
Donnera, de plombs en crinelle,
Tomme et liens.

Point de solitude en venelle,
D’homme sans biens ;
Vin de prunelle et fustanelle,
Le mien est tien !

vendredi 8 février 2013

EN ROUTE POUR… GANGNAM (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN  ROUTE  POUR…  GANGNAM

Dans ma banlieue, pas de racaille
De S.D.F. ou d’ouvriers,
Roturiers troubles et pagailles…
Maison, pelouse et lévriers,
Ma banlieue est le grand fourrier
De joies factices
Pour les traders, les usuriers
Ou les actrices.

Dans ma banlieue, skaï en écaille,
C’est le paradis des lauriers
Tout chic, tout fric et tout fliquaille…
C’est le terrier des facturiers,
Des rentiers et des négriers,
De l’injustice,
Du snobisme et du fox-terrier,
Dans l’interstice.

La classe a, ici, armorié
Chaque bâtisse
Et, à la vanité mariée,
Nos rues métisse.

mercredi 6 février 2013

EN ROUTE POUR… LE MARCHÉ (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)


EN ROUTE… POUR LE MARCHÉ

Oignons du Burkina-Faso,

Manioc ou ignames par hottes,
Feuilles en tas et en faisceaux,
Bananes venues de la côte,
Mil du plateau - sans escarbote ! -, …
Chacun, Missi’,
Discute, négocie mégote,…
Et en kissi !

Femmes, vieillards et jouvenceaux,

Ont quitté cases et paillotes
Pour des gombos, pour un cuissot.
Chacun achète et vend par bottes
Ou bien par poignées sans riotte :
Fruits, baies d’ici,
Plantes pour sauces, papillotes
Et pharmacie,…

Sur ce marché, poisson, gargotes,

On trouve aussi,
Viande de brousse et anecdotes,
Rire en sursis,…

lundi 4 février 2013

ROBOTIQUE (Poupée sans boîte, dimensions à mentionner, 2012)


ROBOTIQUE

Tour acrobatique,

Lumière authentique
Tic, le robot, tique,
Les zygomatiques
En peu médiatique
État traumatique.

Circuits éclectiques

Et yeux de plastique,
Tic, le robot, tique,
Jamais lymphatique,
Parfois lunatique,
Il joue l’ascétique.

Sons énigmatiques,

Et attente étique
Tic, le robot, tique
Quoique pragmatique,
Un brin drolatique,
L’abord sympathique. 

Le pas pneumatique,

L’œil mathématique,
Tic, le robot, tique
Et devient sceptique,
En mode statique,
Digne de l’Attique.

C'est anecdotique, 

Mais pas d’autre optique,
Tic, le robot, tique ;
Pas de frénétique,
Plus de dogmatique
Dedans sa boutique.

Le bon domestique

Qu’est jamais critique,
Tic, le robot, tique :
L’Homme, l’être antique,
N’est plus. Fantastique !
A-PO-CA-LYP-TIQUE !

samedi 2 février 2013

EN ROUTE POUR… LA DÉCHARGE (carte postale, 11,5x17,3 cm, 2012)



EN ROUTE POUR… LA DÉCHARGE

Sous son manteau de saleté,

Ce lieu est mon royaume. Il fleure
Des effluves de pauvreté,
Mais, là, ma vêture demeure
Et la littérature affleure
Pour les larrons ;
Ma nourriture qui t’écœure
Nous y prendrons.

Sous sa couronne filetée,

Gemmée de détritus, sans leurre,
La pourriture récoltée
Fait toiture et sol qu’effleure
Un ciel que ces reliefs apeurent.
Pour moi, sans rond,
Fange et ordures font mon beurre,
En tâcheron.

Et, né ici, sans qu’on n’en pleure,

Ou environ,
En ce lieu, ma route et mes heures
Se finiront…