vendredi 8 juillet 2011

L'ATELIER n°19 (Acrylique sur bois, 82x67 cm, 2006)

L’ATELIER   n° 19

Sous la haute fenêtre en chante-pleure, tout n’est que sons et sueur. Sur les tourments de la chape de ciment à laquelle rien - ni de larvé, ni d’énervé - n’échappe, c’est encore la corvée des forçats de fortune au cœur attelé de conserve à un même travail, au corps attaché sans réserve à une même tâche ; le geste mécanique, le reste anémique. Dans ces chauds cachots, otages de la chaîne de montage, menottés à une machine à peine moins humaine qu’eux, ces robots ont leur boulot pour boulet, peine imposée pour avoir quitté la geôle de l’école ou fui le bagne des campagnes de Lomagne ou de Champagne. C’était cela ou les barreaux d’un bureau, autre bourreau…
Aliénés industrieux dans ces forteresses industrielles où on les claquemure, gardés par la pendule cyclopéenne de leur cellule, ces esclaves volontaires, reclus et perclus dans leur enclave, sont payés, d’une pièce, à la pièce au gré de cadences que sans cesse on relance, prisonniers des pressions des matons oppressés d’une précieuse croissance pressée. Mis en joug et en joue, ils ploient sous le poids du labeur à toute heure et le harnais du progrès sans arrêt, souffrent sous le bât d’un rendement jamais content, menés par la bride du profit, torturés par la crainte du déficit et la question d’un avenir délocalisé…

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